vendredi 15 mai 2015

Joanie Lemieux recrue de mai

Quand elle était enfant, Joanie Lemieux rêvait d’être astronome. « Ce qui me paraît intéressant, c’est que sous certains aspects, mon travail d’écriture actuel ressemble parfois à mon idéal d’enfant, nous explique-t-elle dans ses réponses à notre questionnaire. Alors que je pensais passer ma vie à fouiller le ciel, je me retrouve à m’étonner de l’infiniment petit des faits et gestes humains, d’une cicatrice, d’un soupir, d’un sourcil froncé, d’une lèvre retroussée; je cherche à deviner l’histoire de cette femme âgée à l’épicerie, de cet enfant seul dans le métro, de cet homme avec le bouquet de fleurs. Pour moi, il s’agit encore et toujours du même choc, des mêmes questions : comment est-ce possible qu’on soit ici, vivants, à cet endroit? Existe-il autre chose, derrière ce qu’on voit? Qu’est-ce qui est réel et qu’est-ce qui ne l’est pas? »

Aucun doute ici, la frontière entre réel et imaginaire est souvent très floue dans Les trains sous l’eau prennent-ils encore des passagers? (quel titre évocateur!), un recueil de nouvelles tout en retenue qui déboulonne convictions des personnages et certitudes du lecteur.

La ligne entre être et paraître se veut aussi très mince dans La maison d’une autre, deuxième opus de notre ancienne recrue François Gilbert. Entre passions de jadis et choix que l’on fait au quotidien, ce roman nous invite à voyager au Japon autant qu’à l’intérieur de nous-mêmes. L’ailleurs est également très présent dans l’essai fouillé Ismaël contre Israël d’Esther Benfredj et La petite chambre de Raymond Miot qui nous ramène à Haïti en 1971.

Le passé et les regrets jouent un rôle clé dans Les questions orphelines de Morgan Le Thiec, récit intimiste de l’acceptation non pas d’un deuil, mais d’un départ volontaire, une mère laissant tout derrière elle, aussi bien que dans Le cinquième corridor de Daniel Leblanc-Poirier, qui revient sur les amours de jeunesse et Une respiration lente et profonde de Mathieu Forget et Catherine Parent, une envoutante bande dessinée dans laquelle maladie et tendresse dansent un déchirant pas de deux. 

« Tout peut devenir générateur de texte. Tout ce que je vois, touche, rêve, suppose, lis… » Comme la vie, la littérature d’ici n’a pas fini de se révéler… et c’est tant mieux!

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