vendredi 10 août 2007

Billy Joel: compositeur classique?

On me proposait juste avant mon départ pour la mer d'écrire des notes de programme pour un disque, à paraître en septembre 2007, de pièces classiques de Billy Joel. Intriguée d'abord, assez séduite à la lecture des partitions, j'ai découvert une nouvelle facette d'un artiste qui a pourtant passé la plus grande partie de sa vie sous les projecteurs. Voici quelques extraits de ces notes, histoire de vous inciter à la découverte!

New York State of Mind, Just the Way You Are, Uptown Girl, Always a woman to me, Allentown, Honesty, We didn’t start the fire… Depuis le début des années 1970, Billy Joel a vendu plus de 100 millions de disques, accumulé un nombre fulgurant de succès aux hit-parades, a été couronné par de multiples prix prestigieux et intronisé dans le Rock and Roll Hall of Fame. Pourtant, le « Piano Man » – qui n’a pas hésité à titrer l’une de ses chansons It’s all rock and roll to me – a d’abord étudié le piano classique avant de se laisser séduire par le monde rutilant du rock’n’roll. Beethoven, Bach, Chopin, Schubert, Schumann sont autant de maîtres qui lui ont pavé la voie. « Toute écriture de mélodies chantées nous réfère à Schubert », affirmait d’ailleurs Billy Joel dans une entrevue parue dans USA Today en août 2001. « Ce genre de musique a été mon premier béguin, avant que le rock’n’roll ne m’en éloigne pendant 30 ans. »

Après avoir lancé son album River of Dreams en 1993 – qui se terminait quasi prophétiquement sur The Last Song (No More Words) –, Billy Joel choisit volontairement de délaisser le répertoire populaire pour retrouver la ferveur de ses premières inspirations. Il replonge dans le répertoire classique et s’en réapproprie les formes. Il met sur pied des programmes de musique pour les jeunes et des ateliers de composition, se fait le fervent défenseur de nombreux jeunes pianistes et leur dédie des œuvres qui seront créées dans des lieux prestigieux. En 2000, il est l’animateur de l’émission Piano Grand, présentée en marge de l’exposition Piano 300 du Smithsonian Institution. Le 2 octobre 2001, enfin, il offre à son public Fantasies and Delusions, une série de douze pièces (regroupées en dix numéros d’opus) composées entre 1997 et 2001. Le disque fait une entrée fracassante en première position du Billboard américain des meilleurs ventes de musique classique. (Le pianiste Richard Hyung-ki Joo, qui collabore également aux arrangements, en est alors l’interprète.) En à peine une semaine, 14 000 copies de l’album s’envolent.

Le recueil Fantasies and Delusions reste ancré dans un univers romantique, proche parent de ceux de Schumann, Chopin, Schubert, Liszt ou même Rachmaninov, teinté par moments de touches d’impressionnisme français et d’une simplicité de textures que n’aurait pas reniée Satie. À l’écoute, on pourrait se croire invité à une Schubertiade (ou un jam session) à laquelle Billy Joel aurait convié ses idoles de jeunesse. Même si élaborées dans des structures classiques (forme sonate, rondo, invention à deux voix), ces pièces privilégient les courbes mélodiques et les phrasés accrocheurs qui ont permis à Billy Joel de s’affirmer comme l’un des auteurs-compositeurs-interprètes américains les plus intéressants des dernières décennies.

J'ai particulièrement aimé Reverie (Villa d'Este), opus 3, Soliloquy (On A Separation), opus 1 et l'Air (Dublinesque) opus 10. Je crois bien d'ailleurs m'approprier ces pièces et les intégrer à un prochain programme. On peut écouter des extraits et télécharger le tout ici.

Dans un tout autre registre, en cliquant sur un des liens photo de Madame musique, j'ai découvert le site du photographe Steve McCurry. Des images absolument superbes (vous connaissez probablement au moins l'une de ses photos, prises en Afghanistan) qui nous séduisent immédiatement mais qui, surtout, racontent une histoire touchante à tout coup. À découvrir ici.

7 commentaires:

Anonyme a dit…

bonjour lucie!
j'ai écouté, c'est vraiment étonnant. même si je ne trouve pas çà très original, il maîtrise magnifiquement le style d'écriture. à mon avis en concert, succès assuré...merci car je n'en ai pas eu vent ici. à bientôt!

Lucie a dit…

Oui, c'est vrai, ça sent un peu le patchwork (un peu de Schumann, un peu de Liszt, un peu de Chopin, etc.) mais, sans être original, c'est tout de même assez intéressant et plutôt exigeant pour le pianiste (sauf la courte Invention). Je n'en avais jamais entendu parler avant qu'on me contacte pour ces notes, d'un ton presque d'excuse... en passant par la bande et en me parlant d'abord des « migrations » de McCartney, Costello, avant d'enfin cracher le nom de Billy Joel.

Anonyme a dit…

ce qui est mignon, c'est que d'habitude c'est la démarche inverse...les rappers prennent très souvent les musiciens "savants" pour sample d'arrière-plan (beethoven pour neneh cherry, orff pour Nas, pachelbel pour Menelik), ou alors on entend les Beatles par Berberian, un ensemble baroque, classique...donc courageuse démarche, finalement! bises, à plus.

Anonyme a dit…

Il faut que vous découvrez un autre talent de Richard Hyung-Ki Joo : Igudesman and Joo, au cas où vous ne connaissez pas encore.
Je lis votre blog depuis quelque temps, et je ne résiste pas au plaisir de mettre mon petit grain de sel..

Anonyme a dit…

connaîtriez.
oups.

Lucie a dit…

Merci Klari, pour ce lien! Je retournerai visionner des extraits vidéo de ce spectacle délirant! Wow!
J'ai écrit ces notes pour un nouvel enregistrement des oeuvres de Joel mais, chut, ne le disons pas trop fort,j'aime beaucoup mieux l'interprétation de Joo, beaucoup plus subtile!
Je viens d'ajouter le klariscope à ma liste de blogues à surveiller! Au plaisir!

Anonyme a dit…

Merci!