mercredi 31 octobre 2007

La musique comme expression de l'horreur

Eh oui, ce soir, la grand'messe des petits vampires, des sorciers sympathiques, des squelettes qui dansent la claquette et des sourires coquins. Mais quoi donc écouter en cette journée sous le signe du mystère, de la nuit, de la magie parfois noire?
Comment les compositeurs s’y prennent-ils pour écrire de la musique qui évoque mystère et peur? Certaines mélodies nous rendent nerveux avant même qu’on remarque le danger à l’écran. Une des musiques de films les plus réussies dans le genre reste celle de Jaws, les dents de la mer, du célèbre John Williams. On devine tout de suite en l’entendant qu’un grave danger attend le héros.
La musique la plus sonore n’est pas nécessairement la plus effrayante. Parfois, il s’agit que la musique s’arrête ou devienne soudain très douce pour que le suspense se coupe au couteau. On peut alors entendre le moindre bruit, la moindre respiration, le souffle du diable. Les staccatos (des notes très courtes) peuvent être utilisés à ce moment-là pour souligner ces faibles bruits.
Plusieurs compositeurs ont écrit des œuvres inspirées par l’horreur. On peut mentionner : La Nuit sur le mont Chauve de Moussorgski (1867), popularisé par le Fantasia de Walt Disney, Hallowe’en de Charles Ives (1906), Nuits de Iannis Xenakis (1967), City Life de Steve Reich ou Hallucinations de John Corigliano (1981). Thrène à la mémoire des victimes d’Hiroshima de Krzysztov Penderecki (1959) reste une œuvre particulièrement prenante (attention, images assez choquantes dans la vidé0). « Puisse le Thrène exprimer ma ferme conviction que les sacrifices d’Hiroshima ne soient jamais oubliés et perdus », notait le compositeur. Black Angels de George Crumb (1970), écrite pendant la guerre du Vietnam, se veut une représentation musicale de l’opposition entre Dieu et le diable (merci tidoigts pour cette découverte!). Musica Ricercata (II) de György Ligeti, utilisée récemment dans le film Eyes Wide Shut, nous plonge dans l’angoisse avec sa seconde mineure lancinante. Mais c'est sur une autre oeuvre de Ligeti que je vous laisse, sa treizième (bien sûr!) étude, « L'escalier du diable »

5 commentaires:

Anonyme a dit…

L'air "Devil's Staircase" m'évoque plus la folie furieuse que la peur (sans doute est-ce l'affolement de celui qui veut sortir de là. Il aurait mieux fait de prendre le Stairway to Heaven, dans ce cas... Mais ce n'est pas le même genre.)
En fait, je préfère l'extrait de Ligeti. Sa lenteur est bien plus inquiétante. Et les images de Eyes Wide Shut qu'il fait remonter à la mémoire sont là pour augmenter cette impression.

Lucie a dit…

C'est vrai que l'utilisation de l'autre pièce de Ligeti dans Eyes Wide Shut était absolument délirante. En fait, j'étais certaine que c'était une musique composée expressément pour la scène. Quelques années après, quand j'ai déchiffré la partition complète des Musica Ricercata et que je suis tombée sur la pièce, je n'en revenais tout simplement pas. (Et j'ai dû jouer la pièce en boucle trois ou quatre fois en repensant à cette scène, même si le reste du film reste un peu flou dans mon souvenir...) Là, j'ai ressenti ce même coup de coeur pour L'escalier du diable et Automne à Varsovie, une autre étude de Ligeti. Clairement, la prochaine partition que je me procurerai sera celle des Études!

Anonyme a dit…

Et j'espère alors que tu penseras à remplacer la vidéo de Greg Anderson par ta propre prestation.

Michel a dit…

Intéressant cette prestation. J'aime bien la défragmentation de l'image pendant que s'éteint la résonance finale....

Michel a dit…

euh...plutôt la fragmentation que la défragmentation:-)