Ce matin, presque coup sur coup, deux entrevues (j'avais un autre rendez-vous entre les deux mais j'ai abdiqué, je n'étais pas capable d'y voler à vitesse supersonique). L'un est chef d'orchestre (il sera en couverture de La Scena Musicale en novembre), l'autre trompettiste (il participe à une série de concerts jeune public des Jeunesses Musicales). L'un a la chevelure un peu éparse, l'autre sombrement bouclée. Deux hommes fort différents mais deux passionnés, au verbe porté haut et fort, qui chamboulent tout sur leur passage, qui tiennent absolument à transmettre, qui sont prêts à prendre les grands moyens pour y parvenir. L'un a même parlé d'une « croisade, d'une vocation, celle de donner des outils aux jeunes pour garder cette ferveur-là » et, bien sûr, ça m'a immédiatement allumée.
Cela faisait quelques mois que je n'avais pas réalisé d'entrevues « live » et je réalise combien tout ceci m'avait manqué. Bien sûr, c'est formidable d'écrire des textes sur un sujet ou l'autre, de servir de courroie de transmission, surtout quand le sujet est inspirant (comme ce fut le cas avec Norman McLaren, par exemple) mais quand j'ai le privilège de réaliser une entrevue où l'on sent avec l'autre une connexion d'une belle intensité (une combustion spontanée d'une certaine façon), je remercie le ciel d'avoir la bonté de m'accorder un tel privilège.
La célébrité des personnes interviewées n'y est pour rien. L'échange que j'ai eu avec Yo-Yo Ma a été magique mais Maurizio Pollini par exemple était l'un de ces interviewés particulièrement glissants et évasifs (probablement parce qu'il s'exprime mieux en musique qu'en mots, comme Radu Lupu). Certains artistes se croient grands mais ne réussissent à démontrer en entrevue que leur petitesse (inutile d'insister, je ne révélerai pas de noms). Certains ont été tellement brûlés (mauvaises critiques, propos cités hors contexte) qu'il est difficile de les approcher et qu'il faut travailler doublement pour saisir la faille. Et il y a ces autres, intenses, contagieux, qu'on sent habités, qui nous habitent pendant quelques heures, quelques jours, souvent au-delà de la complétion de l'article. Parfois (souvent), je fais un boulot vraiment gratifiant...
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