dimanche 31 janvier 2010

De la partialité des jurys


Ce ne sera pas la première ni la dernière fois que je reste perplexe face à une décision d'un jury de concours. On se rappellera de certaines annonces de résultats de concours internationaux, maintenant pièces d'anthologie, comme cette « sortie » d'Argerich quand Pogorelich avait été écarté du palmarès. Je réalise que cette partialité des jurys (vous me direz que je viens d'écrire une lapalissade et vous aurez sans doute raison) ne se joue pas que sur les grandes scènes.

J'assistais hier à un concours d'amateurs. Je ne vous révélerai pas le lieu, puisqu'au final, il n'a que bien peu d'importance. Au programme de la soirée: différents numéros, de genres souvent diamétralement opposés (du rock lourd joué par des jeunes hommes très chevelus à des présentations de danse vaguement éthérées), plus ou moins fignolés selon les participants. Je réalise parfaitement que l'on parle d'un spectacle de la relève, que personne ne brûlera les planches de la Place des Arts dans un avenir prévisible (fût-ce dans le cadre du sympathique concours Ma place des arts), que le ton était bon enfant et que la foule, composée d'amis et de parents, était bien évidemment conquise d'avance.

Le jury était aussi multiple que le programme et comprenait des chanteurs pop (dont une « vedette »), un metteur en scène, une propriétaire d'école de danse et une professeur de musique d'expérience (25 ans, ça compte, non?) Qu'ont-ils bien pu entendre qui m'ait échappé? Je ne sais trop. Je devrais peut-être reformuler la chose et plutôt avancer: ils n'ont certainement pas entendu ce que j'ai entendu.

Je ne prétends aucunement être l'autorité suprême en musique. Ce serait franchement arrogant et je crois qu'apposer ce genre d'étiquette à qui que ce soit est hautement dangereux. Mais des deux prix remis, l'un était selon moi totalement injustifié et m'a laissée perplexe face à la perception que les membres du jury ont pu avoir d'une interprétation classique. On parlait ici d'une pièce ardue techniquement, absolument inaccessible à moins de posséder une technique remarquable. On parlait aussi d'une pièce qui demandait une grande clarté d'élocution pour être transmissible, qui exigeait qu'on y respire, qui ne supportait pas que le jeu soit précipité. Si un de mes élèves avancés était arrivé en leçon et m'avait interprété la pièce de cette façon, j'aurais été atterrée. J'aurais peut-être même considérer entrer dans une très rare colère, puis me serais vraisemblablement portée à la défense du compositeur, aurais repris le texte note par note pour en décortiquer les subtilités.

Ce que le jury a entendu est vraisemblablement que l'interprète jouait très vite et très fort: un « show de boucane » si l'on veut. Que les musiciens pop n'aient pas pu identifier la fraude, passe encore. Que le prof de musique d'expérience ait jugé que cette interprétation méritait d'être récompensée, je n'y comprends rien... Inutile de préciser que je n'ai ni applaudi après la prestation ni après l'annonce de ce résultat. Au moins, le premier prix était mérité...

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