Je ne vous referai pas le coup d'une nouvelle critique de l'opéra-BD Les Aventures de Madame Merveille, car elle ne saurait être diamétralement opposée à celle que j'avais commise lors de la création de l’œuvre en mai 2010. Bien sûr, je savais exactement ce qui allait se produire. Pourtant, j'avais très hâte de retrouver les coups de crayon des illustrateurs, particulièrement ceux de Michael Cho (Je t'aime Catherine) et Pascal Girard (Un gros osss) et de pouvoir me réapproprier la partition autrement. Après tout, comment peut-on espérer tout capter d'une pièce contemporaine à la première écoute, quand les repères habituels sont floués et qu'en plus, on aborde un genre hybride, non balisé, comme celui de l'opéra-BD?
La partition d'André Ristic m'a paru encore plus ludique qu'à la première écoute (notamment grâce à ses décapants effets de percussions et de sons pré-enregistrés) et les chanteurs ont su tirer leur épingle du jeu avec beaucoup de conviction, même si on perdait parfois le baryton de Pierre-Étienne Bergeron dans les ensembles (peut-être n'était-ce qu'une question de calibration des micros sans-fil). La direction de Véronique Lacroix s'est quant à elle révélée précise et fluide à la fois. On sentait que la partition était maintenant parfaitement intégrée et que musiciens et chef pouvaient enfin vraiment s'amuser avec celle-ci.
Je suis sortie de la salle, le sourire aux lèvres, inconsciente que j'allais faire une rencontre qui me réconcilierait d'un seul coup (si besoin était) avec le rôle de passeur que j'ai choisi d'adopter. En effet, alors que je conversais avec la musicothécaire de l'ECM+, un jeune homme que je n'avais pas vu depuis plus de deux ans s'est avancé vers nous. Je l'ai connu enfant, je l'ai vu développer un intérêt poussé pour la guitare au secondaire, j'ai échangé avec lui sur le monde musical à quelques reprises, répondant à une série de questions formulées. Il a expliqué à mon interlocutrice qu'il me connaissait et que, de fait, c'était grâce à moi, car je lui avais déniché un billet pour le concert consacré à la création contemporaine donnée par l'OSM en octobre 2008 (programme Ligeti, Prévost, Reich, Vivier et Frehner), qu'il n'avait pourtant pas entièrement digéré ce soir-là (il était parti à l'entracte, vaguement dépassé), qu'il avait pris la décision il y a un an de se diriger... en composition au Cégep Saint-Laurent! Aucun doute: je devais avoir la mâchoire décrochée!
Il m'a ensuite parlé d'une partition sur laquelle il travaillait, qui serait lue en février lors de l'événement Générations 2012 de l'ECM+, me confiant qu'il avait regardé la violoncelliste jouer avec un intérêt décuplé, sachant qu'elle serait celle qui la jouerait. Nous avons ensuite continué à échangé sur l'électroacoustique, Ligeti, Stockhausen (je ne suis pas nécessairement convaincue), l'importance du lyrisme, de toucher l'auditeur, même si on n'utilise que quatre notes. De toute évidence, nous parlions le même langage. Après l'avoir quitté, je me suis dit que, parfois, la vie vous fait quand même de ces clins d’œil incroyables...
2 commentaires:
Tu sais si il y a un dvd ?
À ma connaissance, cela n'a pas été (encore) filmé, mais je m'informe néanmoins.
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