jeudi 9 mai 2013

OSL: une soirée jazz sous le signe de la polyvalence

Maintenant qu'il dirige des orchestres un peu partout et qu'il est devenu directeur musical de l'Orchestre symphonique de Laval, d'Orchestra London et premier chef d’orchestre invité du Victoria Symphony, qu'il s'associe régulièrement à des orchestres de jeunes, qu'il enseigne à la Western University, qu'il compose (mais quand dort-il?), on oublie trop souvent qu'Alain Trudel a déjà mené une carrière éblouissante de tromboniste virtuose classique et qu'il connaît ses classiques jazz. Le programme « Accents d'Amérique » de l'OSL nous l'a rappelé hier.

Troquant largement la baguette pour son trombone, il s'est offert le plaisir de jouer en duo (Blue Monk, avec le contrebassiste Frédéric Alarie, qui semblait s'amuser ferme) et en petite formation avec le Trio Lorraine Desmarais. Anthropology de Gillepsie/Parker s'est révélé une pièce d'anthologie, la pianiste explosant littéralement sous nos yeux (et oreilles), soutenue par le feu nourri de ses comparses, dont l'implacable Camil Bélisle. On a aussi découvert Trudel comme compositeur jazz avec How do you say?, qui s'inscrivait parfaitement dans cette soirée éclectique mais jamais hétéroclite, ainsi que soutenu par les seules cordes de l'OSL dans un classique de Vernon Duke. (Belle idée de juxtaposer trois villes avec April in Paris, Autumn in New York et A Foggy Day in London Town. Il n'aurait manqué que Mont-Royal Romance de Desmarais.)

Les deux parties du programme se concluaient par une page substantielle, qui permettait à l'orchestre de briller. Les premiers pupitres, particulièrement hautbois et clarinette, se sont révélés impeccables dans Catfish Row, la suite symphonique que Gershwin a tirée de son opéra Porgy and Bess (qui sera présenté l'année prochaine à l'Opéra de Montréal). En fin de soirée, Trudel est devenu leader de big band et nous a permis de revivre certains des grands moments de l'histoire du jazz, dans des arrangements symphoniques très efficaces de Gene DiNovi. Si mes voisines plus âgées n'ont pu retenir un soupir de bonheur nostalgique quand l'OSL a amorcé Moonlight Serenade de Glenn Miller (c'était une autre époque, tout de même, toute en délicate retenue, sans doute, mais non dépourvue d'intensité), j'aurais pu quitter la salle de concert, un sourire béat aux lèvres, sitôt entendue la superbe relecture de Caravan de Duke Ellington. Je devinais déjà qu'il ne pourrait être question d'écouter des classiques autres que de jazz aujourd'hui.

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