mercredi 22 octobre 2014

Tentacle Tribe et Wants&Needs Dance: éclectique

Danse Danse offre jusqu’à samedi un programme double faisant la part belle à la relève locale qui saura convaincre l’amateur de la multiplicité du langage chorégraphique.

Nobody Likes a Pixelated Squid du duo Tentacle Tribe, formé d’Emmanuelle Lê Phan et Elon Höglund se révèle une pièce des plus intéressantes qui redéfinit les codes habituellement associés aux duos, mais surtout métisse les langages chorégraphiques avec une grande habilité. Danse contemporaine, danses de rue (hip-hop, breakdance, popping) et éléments de cirque (les deux artistes se sont d’ailleurs rencontrés lors des répétitions pour le spectacle Love du Cirque du Soleil) s’amalgament avec naturel, le mouvement se faisant tantôt fluide, tantôt fractionné, mais toujours parfaitement contrôlé. Soutenu par des éclairages soignés de Benoît Larivière, le dialogue entre trame musicale (pourtant un collage) et gestuelle aura rarement paru si convaincante, comme si elle avait été conçue de façon presque osmotique. On se demande à plusieurs reprises qui du son ou du mouvement a précédé l’autre, tant on n’a jamais l’impression que l’un a été plaqué sur l’autre, magnifiant ce sentiment d’avoir été témoin d’un songe. « It could be a dream », nous rappelle d’ailleurs la bande-son à la fin. Une pièce achevée qui nous donne envie de retrouver très bientôt les deux complices.

En deuxième partie de spectacle, changement radical d’atmosphère avec Chorus II de Sacha Kleinplatz. Véritable ode à l’homme, aussi excessif dans ses prouesses que dans ses fragilités, la pièce fait alterner joutes acrobatiques et moments de pure tendresse. Six danseurs et un multi-instrumentiste en complets sombres et chemises blanches se jaugent, s’épaulent, se laissent porter par la force du groupe ou cherchent à s’en extraire violemment. Paradoxe peut-être : on a souvent l’impression d’être devant une sculpture en mouvement plutôt qu’une œuvre chorégraphique (même si certaines images restent d’une troublante beauté ou d’une poétique férocité). Cela a sans doute beaucoup à voir avec le lieu qui se prête moins aux effets de contre-plongée que le MAI (où a été créée la pièce en 2013) et à la trame sonore qui manque parfois de densité. (On retiendra l’envoutant solo de clarinette du début, alors que le groupe d’hommes se tient dans le noir, donnant un instant l’illusion de faire partie d’une toile de Soulages, et les dynamiques segments de percussion.) Néanmoins, sur le thème de la fraternité assumée, D’après une histoire vraie de Christian Rizzo, présentée au FTA en mai dernier, m’aura certes paru plus convaincant.

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