Je n'ai jamais encore cédé à l'appel des nombreux challenges qui pullulent sur la blogosphère, mais là, impossible de résister! C'est Anne du blogue Des mots et des notes qui l'a initié et qui propose, sur une période de deux ans (d'ici la fête de la musique 2013) de lire, de un à cinq livres et un ou deux films ou CD selon les catégories: musicien amateur, mélomane averti et soliste international. Inutile de vous préciser que je m'inscris dans cette catégorie (il faut voir grand, non?), ce qui veut dire que je lirai au moins 5 livres et commenterai deux films et/ou CD. (En plus, les billets rétroactifs sont acceptés, trop facile!)
Alors, chantez, sifflez, pianotez et courez vous y inscrire par ici...
Quand vous lirez ces mots, je serai de l'autre côté de l'Atlantique (le vôtre peut-être), sans ordi à part ceux de ceux chez qui je déposerai ma valise (oui, l'un de ces trucs azerty qui me rendent dingue...) et ne devrais visiter Internet que de façon fort sporadique. Je vous retrouve donc la semaine prochaine!
La musique et l’écriture ont été de tout temps les deux pôles de la vie créatrice de l'auteure. Ce site se veut donc un hommage à la musique (particulièrement classique) et à la littérature, mais aussi au théâtre et aux autres manifestations artistiques.
dimanche 26 juin 2011
vendredi 24 juin 2011
Lire québécois
Aujourd'hui, jour de la St-Jean, la fibre patriotique se réveille un tantinet et La Presse nous propose même aujourd'hui un florilège de parutions québécoises récentes pour accompagner notre été. Dans le lot, j'admets être assez tentée par Polynie de Mélanie Vincelette et Bizango de Stanley Péan pour le dépaysement. Je glisserai de toute façon dans mes valises (je pars dans 36 heures et je n'ai évidemment rien de prêt, boulot à boucler avant le départ oblige) des titres québécois, pour moi (La marche en forêt de Catherine Lalonde et My Paris de Gail Scott, approprié, non?) ainsi que pour ceux que je croiserai là-bas. (Évidemment, je n'ai aucune intention d'en révéler les titres ici, histoire de ne pas brûler le punch dans quelques jours, quand même.) Sinon, je voyagerai extra-léger, privilégiant les livres de poche, en très petit nombre, puisque j'habiterai dans quatre endroits différents en huit jours. Ce n'est pas exactement comme s'il n'y avait aucune chance que je croise une librairie pendant mon périple, n'est-ce pas? (Il se pourrait bien que mon sac à dos déborde au retour...)
Et puis, en complément, pour la St-Jean, je vous propose d'apprivoiser le nouvel hymne national proposé par l'iconoclaste Raoul Duguay. Ce qu'il y a de plus renversant ici, c'est bien qu'il ait été le seul de ceux approchés qui ait osé relever le défi.
Et puis, en complément, pour la St-Jean, je vous propose d'apprivoiser le nouvel hymne national proposé par l'iconoclaste Raoul Duguay. Ce qu'il y a de plus renversant ici, c'est bien qu'il ait été le seul de ceux approchés qui ait osé relever le défi.
jeudi 23 juin 2011
Concours Tchaïkovski
J'adore quand la technologie est notre amie et nous permet de nous glisser dans une des salles mythiques du monde (la grande salle du Conservatoire de Moscou dans ce cas-ci) et de céder à distance à la fièvre du prestigieux Concours Tchaïkovski. Non seulement on peut suivre les épreuves en direct (l'horaire complet est ici), mais on peut aussi avoir accès aux récitals précédents, que ce soit ceux des pianistes, des violonistes, des violoncellistes ou des chanteurs. (Vous ne serez pas surpris que j'aie décidé de me concentrer sur les premiers.)
Le public est en transe, réagit avec enthousiasme dès qu'il entend un compositeur russe bien sûr (la Septième de Prokofiev fait toujours des miracles, peu importe la nationalité du concurrent), rappelle pendant de longues minutes ses chouchous sur scène (presque cinq minutes après la remarquable prestation de Daniil Trifonov, 20 ans, qui a remporté l'Arthur Rubinstein Masters à Tel-Aviv tout récemment) et puis, oui, ciel, le jury (placé au milieu de la salle) applaudit lui aussi! De plus, les caméras suivent les candidats à l'arrière-scène et des entrevues et commentaires (en russe et en anglais) ainsi que des portraits de musiciens sont intégrés entre les prestations des candidats. Du bonbon!
On peut s'inscrire en ligne (gratuitement) ici pour accéder au tout (le concours se termine le 30 juin, faites vite!)
Le public est en transe, réagit avec enthousiasme dès qu'il entend un compositeur russe bien sûr (la Septième de Prokofiev fait toujours des miracles, peu importe la nationalité du concurrent), rappelle pendant de longues minutes ses chouchous sur scène (presque cinq minutes après la remarquable prestation de Daniil Trifonov, 20 ans, qui a remporté l'Arthur Rubinstein Masters à Tel-Aviv tout récemment) et puis, oui, ciel, le jury (placé au milieu de la salle) applaudit lui aussi! De plus, les caméras suivent les candidats à l'arrière-scène et des entrevues et commentaires (en russe et en anglais) ainsi que des portraits de musiciens sont intégrés entre les prestations des candidats. Du bonbon!
On peut s'inscrire en ligne (gratuitement) ici pour accéder au tout (le concours se termine le 30 juin, faites vite!)
lundi 20 juin 2011
Inconnu à cette adresse
Je suis tombée récemment sur une critique de cette novella signée Lali sur Babelio et me suis dit qu'il fallait que je la lise, parce que j'aime le genre de la nouvelle, qu'elle était écrite en format épistolaire (après un roman par courriels interposés, cela m'a semblé un prolongement naturel) et que l'Allemagne y jouait un rôle non négligeable. J'ai donc repéré le titre à ma bibliothèque de quartier et le tour était joué!
Cette novella publiée dans Story Magazine a causé dès sa publication en 1938 tout un émoi et avec raison. (Saluons ici le fait que le genre s'est toujours admirablement porté chez nos voisins du Sud.) Réimprimée un grand nombre de fois depuis, elle reste d'une efficacité remarquable (la chute est terrible, dans les deux sens du terme) et nous offre un regard différent sur une appropriation romanesque de la montée du nazisme dans les années 1930 en Allemagne (et ce, de la part d'une auteure d'origine allemande). À donner froid dans le dos, mais surtout à méditer. Certains ont dit de ces pages qu'elles représentaient la nouvelle « parfaite ». Elle n'en est certes pas très loin.
Ainsi mentent les hommes, un autre recueil de Kressmann Taylor (Kressmann est en fait son nom de jeune fille, ce qui permet en sus de « masculiniser » le nom) m'attend dans ma PAL. On verra comment elle saura manipuler d'autres thèmes.
Cette novella publiée dans Story Magazine a causé dès sa publication en 1938 tout un émoi et avec raison. (Saluons ici le fait que le genre s'est toujours admirablement porté chez nos voisins du Sud.) Réimprimée un grand nombre de fois depuis, elle reste d'une efficacité remarquable (la chute est terrible, dans les deux sens du terme) et nous offre un regard différent sur une appropriation romanesque de la montée du nazisme dans les années 1930 en Allemagne (et ce, de la part d'une auteure d'origine allemande). À donner froid dans le dos, mais surtout à méditer. Certains ont dit de ces pages qu'elles représentaient la nouvelle « parfaite ». Elle n'en est certes pas très loin.
Ainsi mentent les hommes, un autre recueil de Kressmann Taylor (Kressmann est en fait son nom de jeune fille, ce qui permet en sus de « masculiniser » le nom) m'attend dans ma PAL. On verra comment elle saura manipuler d'autres thèmes.
samedi 18 juin 2011
La septième vague
J'étais au centre-ville plus tôt cette semaine pour récupérer une partition, l'Humoreske de Schumann, redécouverte avec beaucoup de plaisir lors du CMIM et qui, selon l'ancienne découpe Henle du catalogue de Schumann ne se trouvait pas avec les autres œuvres de la même époque (pour une raison mystérieuse) ni dans mon Breitkopf... Oui, j'aurais pu la télécharger sans problème sur Internet, mais quand j'ai l'intention de vraiment travailler une pièce en profondeur, je suis vieux jeu et préfère encore une « vraie » partition que des feuilles volantes. J'en ai profité pour ramasser les partitions de Solo Piano de Gonzales qui se mouraient de se retrouver dans mes mains (c'est vrai, je le jure!) et puis, là, coup au cœur, je vois La septième vague, suite de l'épique épopée entre Leo et Emmi. Là, impossible de considérer résister! J'avais prévu l'acheter lors de ma semaine à Paris (j'y serai dans 8 jours!), je me retenais de lire trop en détail les comptes-rendus de lecture, je rongeais mon frein, bref, il me le fallait!
Alors? La magie du premier tome pourrait-elle continuer d'exister? Voudrais-je encore m'immiscer dans la vie de ces deux non-amants plus ou moins romantiques? Se verraient-ils enfin? Emmi serait-elle toujours aussi cassante et Leo toujours aussi décalé? Ouiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiii! Le premier soir, je me suis retenue pour ne pas finir le livre d'un seul coup, m'arrêtant sagement au milieu ou presque, mais 24 heures plus tard, bien sûr, je voulais savoir, je devais savoir.
Je ne révélerai aucun des punchs, ne m'étendrai pas sur l'épilogue (je trouve que l'auteur a habilement clos la porte derrière nos tourtereaux et cela me convient tout à fait). Je dirai seulement, pour reprendre un tic de langage d'Emmi, caricaturé régulièrement par Leo: das Buch ist so, so, so... zwanghaft (ce livre est si, si, si... compulsif)!
Alors? La magie du premier tome pourrait-elle continuer d'exister? Voudrais-je encore m'immiscer dans la vie de ces deux non-amants plus ou moins romantiques? Se verraient-ils enfin? Emmi serait-elle toujours aussi cassante et Leo toujours aussi décalé? Ouiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiii! Le premier soir, je me suis retenue pour ne pas finir le livre d'un seul coup, m'arrêtant sagement au milieu ou presque, mais 24 heures plus tard, bien sûr, je voulais savoir, je devais savoir.
Je ne révélerai aucun des punchs, ne m'étendrai pas sur l'épilogue (je trouve que l'auteur a habilement clos la porte derrière nos tourtereaux et cela me convient tout à fait). Je dirai seulement, pour reprendre un tic de langage d'Emmi, caricaturé régulièrement par Leo: das Buch ist so, so, so... zwanghaft (ce livre est si, si, si... compulsif)!
jeudi 16 juin 2011
Ils ont été nombreux à répondre
« Le chœur, copie-le, le chœur qui jette sa voix dans l'océan,
c'est ton père, ses cahiers de cantiques,ce sont ses fils, ce sont ses filles, tu les voisleurs jeunes bras, leurs pieds nus traversent la suie et la cendre,leurs dents luisent et échancrent le silence,copie-les, amour, copie amour,tu te jetteras dans leur bouchecopie merci, copie pardonet jette toi dans leur bouche. »
12e fragment d'Ils ont été nombreux à répondre, publié dans le recueil de Suzanne Jacob Amour, que veux-tu faire?
mercredi 15 juin 2011
Majeur versus mineur
Gonzales, qui ne fait jamais les choses à moitié (pourquoi choisir quand on peut tout faire?), propose ici une relecture en mineur de certains canons du répertoire pianistique avec lesquels les petits pianistes ont passé de nombreuses heures.
Vive le mode mineur libre!
Vive le mode mineur libre!
lundi 13 juin 2011
Prix d'Europe
L'air de rien, le Prix d'Europe fêtait son 100e anniversaire cette année, ce qui en fait certainement l'un des (sinon le) plus anciens concours au Canada sinon en Amérique. Hier soir, lors du concert-gala, on a pu entendre les lauréats de la bourse TD (5 000$), dans chacune des quatre catégories desservies par le prix. Si la soprano Andréanne Paquin, le violoniste Victor Fournelle-Blain et la percussionniste Isabelle Tardif (qui a joué au marimba un saisissant Bones du compositeur canadien Harry Freedman) ont plus que convaincu, c'est le pianiste Charles Richard-Hamelin qui est reparti avec la grande bourse de 25 000 $, de quoi assurer sa subsistance pendant quelque temps, alors qu'il amorce sa maîtrise à Yale en septembre.
Le Prix Fernand-Lindsay a également été remis au compositeur Gabriel Dharmoo et deux nouveaux prix en journalisme musical ont été initiés pour célébrer le 100e anniversaire en pompe. Et, hum, oui (rougissement), je deviens la première récipiendaire du Prix Léo-Pol Morin, « accordé à un journaliste pour une entrevue ou un portrait d’un musicien exceptionnel sur la scène nationale ou internationale » pour reprendre le libellé exact, pour mon profil du violoniste Gidon Kremer, dont je vous parlais même dans mes coups de cœur 2010.
Le Prix Fernand-Lindsay a également été remis au compositeur Gabriel Dharmoo et deux nouveaux prix en journalisme musical ont été initiés pour célébrer le 100e anniversaire en pompe. Et, hum, oui (rougissement), je deviens la première récipiendaire du Prix Léo-Pol Morin, « accordé à un journaliste pour une entrevue ou un portrait d’un musicien exceptionnel sur la scène nationale ou internationale » pour reprendre le libellé exact, pour mon profil du violoniste Gidon Kremer, dont je vous parlais même dans mes coups de cœur 2010.
dimanche 12 juin 2011
Tempest: without a body
Certains soirs, on sait plus ou moins ce qui nous attend quand on se glisse en salle; d'autres, pas du tout. Une nouvelle copine souhaitait voir Tempest: without a body du chorégraphe Lemi Ponifasio, originaire des Iles Samoa, spectacle de clôture du Festival Transamériques. Un clip, son enthousiasme; tiens, pourquoi pas.
D'un seul coup, sans avertissement, nous avons été plongées dans un bruit d'une force incroyable, explosion, implosion, big bang, moment duquel germera la vie ou ultime instant avant la destruction d'un monde? Le cœur se débat, les tympans ont besoin d'être protégés, puis du chaos nait le mouvement, à peine perceptible au début, et c'est là que tout bascule pour le spectateur. On essaie de décrypter, de déchiffrer les mouvements, de juxtaposer un propos narratif, puis on abdique, toutes défenses abattues. On commence alors à percevoir le spectacle autrement, par les sens, de façon presque organique, comme si, pendant de longs instants, on restait immobile dans un lieu sauvage plus ou moins déserté, ressentant la moindre pulsation, le souffle du vent, l'herbe qui se couche, le rayon de lune qui se fraie de temps en temps un chemin.
On devient abasourdi par la déconstruction des corps, la façon dont ceux-ci semblent devenir glaise, liquide chatoyant, bloc. Enveloppée par une trame bruitiste qui ne ne laisse que bien peu de répit (un son surround aurait été des plus appréciés ici, histoire de libérer l'influx sonore à l'oreille droite, sursollicitée, vraisemblablement à cause de la localisation de nos sièges dans la salle), je me suis sentie tirée dans deux directions opposées: les stimuli sonores augmentaient de façon significative mon rythme cardiaque tandis que les mouvements et les jeux de lumière de Helen Todd, absolument magnifiques, sculptés et poétiques, créaient l'effet entièrement contraire. Je me suis posée d'ailleurs la question à savoir si l'insertion de moments de silence dans la trame n'auraient pas été souhaitables... Peut-être Lemi Ponifasio souhaitait-il au fond tendre le spectateur jusqu'au paroxysme, pour le forcer au questionnement, à la prise de position, à une volonté de changement.
Je ne prétends pas avoir décrypté les multiples strates du propos ici, tant philosophiques que politiques, même après avoir lu ce matin l'entrevue avec le concepteur offerte en guise de programme. Une chose est certaine: je continuerai d'y réfléchir et certaines images fortes (la « danse » horizontale de ce corps qui semblait se liquéfier, la tablette de craie qui se fracasse sur la tête de l'artiste, le synchronisme éloquent de ces « grands-prêtres », le chant qui finit - enfin - par les réunir et nous lier à eux...) continueront de me hanter demain, dans deux mois, l'année prochaine... et ça, c'est précieux.
Le prépapier d'Aline Apostolska dans La Presse...
Une vidéo de certains moments-clé du spectacle...
D'un seul coup, sans avertissement, nous avons été plongées dans un bruit d'une force incroyable, explosion, implosion, big bang, moment duquel germera la vie ou ultime instant avant la destruction d'un monde? Le cœur se débat, les tympans ont besoin d'être protégés, puis du chaos nait le mouvement, à peine perceptible au début, et c'est là que tout bascule pour le spectateur. On essaie de décrypter, de déchiffrer les mouvements, de juxtaposer un propos narratif, puis on abdique, toutes défenses abattues. On commence alors à percevoir le spectacle autrement, par les sens, de façon presque organique, comme si, pendant de longs instants, on restait immobile dans un lieu sauvage plus ou moins déserté, ressentant la moindre pulsation, le souffle du vent, l'herbe qui se couche, le rayon de lune qui se fraie de temps en temps un chemin.
On devient abasourdi par la déconstruction des corps, la façon dont ceux-ci semblent devenir glaise, liquide chatoyant, bloc. Enveloppée par une trame bruitiste qui ne ne laisse que bien peu de répit (un son surround aurait été des plus appréciés ici, histoire de libérer l'influx sonore à l'oreille droite, sursollicitée, vraisemblablement à cause de la localisation de nos sièges dans la salle), je me suis sentie tirée dans deux directions opposées: les stimuli sonores augmentaient de façon significative mon rythme cardiaque tandis que les mouvements et les jeux de lumière de Helen Todd, absolument magnifiques, sculptés et poétiques, créaient l'effet entièrement contraire. Je me suis posée d'ailleurs la question à savoir si l'insertion de moments de silence dans la trame n'auraient pas été souhaitables... Peut-être Lemi Ponifasio souhaitait-il au fond tendre le spectateur jusqu'au paroxysme, pour le forcer au questionnement, à la prise de position, à une volonté de changement.
Je ne prétends pas avoir décrypté les multiples strates du propos ici, tant philosophiques que politiques, même après avoir lu ce matin l'entrevue avec le concepteur offerte en guise de programme. Une chose est certaine: je continuerai d'y réfléchir et certaines images fortes (la « danse » horizontale de ce corps qui semblait se liquéfier, la tablette de craie qui se fracasse sur la tête de l'artiste, le synchronisme éloquent de ces « grands-prêtres », le chant qui finit - enfin - par les réunir et nous lier à eux...) continueront de me hanter demain, dans deux mois, l'année prochaine... et ça, c'est précieux.
Le prépapier d'Aline Apostolska dans La Presse...
Une vidéo de certains moments-clé du spectacle...
vendredi 10 juin 2011
Merci, M. Léveillée
Et dire que, toutes ces années, je n'ai jamais réalisé que le Frédéric dont il était question était bel et bien Chopin... Un géant s'est éteint. Il continuera de veiller sur tous les auteurs-compositeurs-interprètes et ceux qui continuent de croire qu'on peut changer le monde.
jeudi 9 juin 2011
Le temps file
Dernières heures de cours déjà. Les petits s'attardent plus que d'habitude sur le seuil de la porte et prononcent en me quittant les mots: « Bon été! » plutôt que « Bonne semaine! » Léger pincement, mais à peine, car je sais que, fin août, je serai particulièrement heureuse de les retrouver et de constater qu'ils auront grandi, que le soleil a cuivré leurs peaux (du moins, souhaitons-le), que certains auront même touché au piano une fois ou deux. (Je n'attends plus grand chose côté pratique et c'est sans doute une bonne chose...)
L'important pour moi a toujours été que la musique continue de faire partie de leur vie, dans cinq, dix, vingt ans. Si on résume les années de complicité, on ne retiendra au final qu'une série d'échanges, de conversations, une appropriation d'une nouvelle langue qui, après un nombre important d'heures d'une pratique plus ou moins sérieuse, n'aura plus rien d'étrangère. Là réside sans aucun doute la plus grande force de la musique.
La semaine dernière, lors du deuxième soir de finales du CMIM, j'attendais celui qui m'accompagnait, billets en main, avec une légère fébrilité. (Les minutes filaient et j'en étais à le texter.) Tout à coup, un jeune homme s'arrête devant moi et me saute presque dans les bras. Trois bises, à la française, sur les joues, le temps que je réalise que j'avais devant moi ma Rach Star, en costard et cravate, véritable carte de mode, qui sortait des bureaux dans lesquels il fait son stage cet été. D'un seul coup, tout m'est revenu: le garçonnet timide, l'adolescent brillant mais toujours un peu incertain, le jeune homme en pleine possession de ses moyens sans jamais tomber dans l'arrogance.
Il avait considéré s'inscrire à l'université en interprétation et nous avions alors eu une discussion sans fard. Je me vois encore lui demander: « Peux-tu t'imaginer faire quoi que ce soit d'autre? Es-tu prêt à passer les prochaines années de ta vie enchaîné au piano, cinq ou six heures par jour, à vivre en marge d'une société qui ne comprend pas grand chose à l'art? Es-tu prêt à tout sacrifier pour transmettre les émotions d'un autre en musique? Es-tu prêt à courir le risque d'en vouloir à la musique de ne pas t'avoir accueilli comme tu l'aurais souhaité? » Il a pris quelques jours pour y repenser, a préféré l'amour assuré de la musique à une possible gloire et a choisi l'économie.
À l'entracte, je ne lui aurai au final posé qu'une seule question essentielle: « Est-ce que tu joues encore? » Il m'a parlé de son Étude transcendantale de Liszt, moins parfaite que jadis, avec un regard vaguement coupable. Je me suis dit en me rasseyant qu'il y avait de fortes chances que cette rencontre l'ait repoussé dans les bras de la musique. Le reste, au fond, n'avait que bien peu d'importance.
L'important pour moi a toujours été que la musique continue de faire partie de leur vie, dans cinq, dix, vingt ans. Si on résume les années de complicité, on ne retiendra au final qu'une série d'échanges, de conversations, une appropriation d'une nouvelle langue qui, après un nombre important d'heures d'une pratique plus ou moins sérieuse, n'aura plus rien d'étrangère. Là réside sans aucun doute la plus grande force de la musique.
La semaine dernière, lors du deuxième soir de finales du CMIM, j'attendais celui qui m'accompagnait, billets en main, avec une légère fébrilité. (Les minutes filaient et j'en étais à le texter.) Tout à coup, un jeune homme s'arrête devant moi et me saute presque dans les bras. Trois bises, à la française, sur les joues, le temps que je réalise que j'avais devant moi ma Rach Star, en costard et cravate, véritable carte de mode, qui sortait des bureaux dans lesquels il fait son stage cet été. D'un seul coup, tout m'est revenu: le garçonnet timide, l'adolescent brillant mais toujours un peu incertain, le jeune homme en pleine possession de ses moyens sans jamais tomber dans l'arrogance.
Il avait considéré s'inscrire à l'université en interprétation et nous avions alors eu une discussion sans fard. Je me vois encore lui demander: « Peux-tu t'imaginer faire quoi que ce soit d'autre? Es-tu prêt à passer les prochaines années de ta vie enchaîné au piano, cinq ou six heures par jour, à vivre en marge d'une société qui ne comprend pas grand chose à l'art? Es-tu prêt à tout sacrifier pour transmettre les émotions d'un autre en musique? Es-tu prêt à courir le risque d'en vouloir à la musique de ne pas t'avoir accueilli comme tu l'aurais souhaité? » Il a pris quelques jours pour y repenser, a préféré l'amour assuré de la musique à une possible gloire et a choisi l'économie.
À l'entracte, je ne lui aurai au final posé qu'une seule question essentielle: « Est-ce que tu joues encore? » Il m'a parlé de son Étude transcendantale de Liszt, moins parfaite que jadis, avec un regard vaguement coupable. Je me suis dit en me rasseyant qu'il y avait de fortes chances que cette rencontre l'ait repoussé dans les bras de la musique. Le reste, au fond, n'avait que bien peu d'importance.
Pays/territoire :
Montréal, QC, Canada
dimanche 5 juin 2011
Le CMIM: qu'en reste-t-il?
Les candidats ont tous pris l'avion hier et retrouvent au moment où j'écris ces lignes leur famille, leurs amis, leur univers. L'atterrissage ne se fera peut-être pas sans heurt, surtout pour la reine de la fête, Beatrice Rana qui, après avoir hésité à tenter sa chance à Montréal, a remporté le Grand Prix de 30 000 $, le prix du public, le prix pour la meilleure interprétation de l’œuvre imposée, l'équivalent de 20 000 $ en développement de carrière et l'enregistrement d'un premier disque sous étiquette Analekta dans la prochaine année! Ça change pas le monde, sauf que...
J'admets volontiers qu'aujourd'hui, je refuse d'écouter toute partition dans laquelle le piano occuperait un rôle de premier plan. (Demain est un autre jour...) Lors du concert-gala déjà, vendredi soir, difficile de rester concentrée sur chaque note, sauf peut-être dans le Tchaïkovski de Beatrice Rana. À un certain moment, le cerveau n'en peut plus d'être autant stimulé.
Que retiendrais-je de l'édition, outre le talent fou de Beatrice et l'impression d'avoir assisté à une naissance? Plusieurs très beaux moments de piano: le magnifique Haydn d'Henry Kramer en quart de finale et son remarquable Troisième Scherzo de Chopin en demi-finale, l'architecture organique du Bach de Konstantin Semilakovs (malheureusement non retenu en demi-finale, une grande perte selon moi), la surprise de découvrir le jeune Canadien Lucas Porter, qu'on n'attendait pas (il a été intégré au concours à quelques jours d'avis) et qui a séduit, notamment lui aussi dans Haydn, le Scriabine de John Ho Won...
Mais il y a aussi les à-côtés qui font tout le charme des concours: un cours de maître magistral donné par Jean-Philippe Collard (quelle verve et quelle rigueur!) par exemple ou encore les discussions enflammées après les récitals des candidats. Jeunes et moins jeunes y allaient de leurs pronostics, avec un enthousiasme frisant parfois la monomanie. Et puis, dernière image peut-être, le sourire de cette dame blonde de la section des seconds violons de l'Orchestre métropolitain qui, lors des passages solistes en finale, écoutait avec une attention soutenue chaque note, le visage visiblement touché par ce qu'elle entendait. Quand la magie s'installe, tout peut arriver!
J'admets volontiers qu'aujourd'hui, je refuse d'écouter toute partition dans laquelle le piano occuperait un rôle de premier plan. (Demain est un autre jour...) Lors du concert-gala déjà, vendredi soir, difficile de rester concentrée sur chaque note, sauf peut-être dans le Tchaïkovski de Beatrice Rana. À un certain moment, le cerveau n'en peut plus d'être autant stimulé.
Que retiendrais-je de l'édition, outre le talent fou de Beatrice et l'impression d'avoir assisté à une naissance? Plusieurs très beaux moments de piano: le magnifique Haydn d'Henry Kramer en quart de finale et son remarquable Troisième Scherzo de Chopin en demi-finale, l'architecture organique du Bach de Konstantin Semilakovs (malheureusement non retenu en demi-finale, une grande perte selon moi), la surprise de découvrir le jeune Canadien Lucas Porter, qu'on n'attendait pas (il a été intégré au concours à quelques jours d'avis) et qui a séduit, notamment lui aussi dans Haydn, le Scriabine de John Ho Won...
Mais il y a aussi les à-côtés qui font tout le charme des concours: un cours de maître magistral donné par Jean-Philippe Collard (quelle verve et quelle rigueur!) par exemple ou encore les discussions enflammées après les récitals des candidats. Jeunes et moins jeunes y allaient de leurs pronostics, avec un enthousiasme frisant parfois la monomanie. Et puis, dernière image peut-être, le sourire de cette dame blonde de la section des seconds violons de l'Orchestre métropolitain qui, lors des passages solistes en finale, écoutait avec une attention soutenue chaque note, le visage visiblement touché par ce qu'elle entendait. Quand la magie s'installe, tout peut arriver!
vendredi 3 juin 2011
Ange noir
Un soldat en mission à l'étranger se raconte. Il parle de ses peurs, de son quotidien qui n'a rien de prévisible, de la mort qui rôde et qui le rappelle à elle. Une fois passé de l'« autre côté », il vit une expérience mystique, qui le transformera à jamais, qui influera peut-être même sur l'avenir de l'humanité. Cette histoire, on la découvre à travers les mots de Jean-Frédéric Messier (qui signe également la mise en scène), mais aussi la musique de George Crumb (Black Angels, Thirteen Images from the Dark Land, In tempore belli), impeccablement interprétée par le Quatuor Bozzini qui, en 2007, avait initié cette commande de texte. L'auteur a su plonger dans la matière musicale pour en extraire des fragments - des éclats plutôt - qui deviennent contrepoint d'un naturel saisissant, mots et sons entrant en véritable dialogue, les uns prolongeant le souffle des autres, l'horreur de la guerre se juxtaposant plus d'une fois au sublime.
Marcel Pomerlo, sur une scène dépouillée habillée tout au plus de deux gongs, transmet à la fois vulnérabilité et puissance au personnage, qu'il tente de comprendre ce qui lui arrive, qu'il se raccroche aux répétitions de gestes ou qu'il énonce des nombres dans des langues étrangères (astucieuse relecture de l'utilisation des chiffres 7 et 13, inscrits au cœur même de la partition de Crumb). Les mouvements des musiciens, spectres qui se veulent au fil des scènes simples témoins, participants ou interlocuteurs, s'intègrent astucieusement au propos plutôt que d'être plaqués. Saluons en terminant les éclairages somptueux de Michel Beaulieu qui deviennent part intégrante du récit.
Un 55 minutes hors du temps, qui abolit adroitement la frontière entre musique contemporaine et création théâtrale.
Vous pouvez encore vous glisser en salle ce soir à 19 h, au Théâtre du Quat'Sous. L'événement est présenté dans le cadre de l'OFFTA. Une entrevue avec l'auteur est proposée ici...
Marcel Pomerlo, sur une scène dépouillée habillée tout au plus de deux gongs, transmet à la fois vulnérabilité et puissance au personnage, qu'il tente de comprendre ce qui lui arrive, qu'il se raccroche aux répétitions de gestes ou qu'il énonce des nombres dans des langues étrangères (astucieuse relecture de l'utilisation des chiffres 7 et 13, inscrits au cœur même de la partition de Crumb). Les mouvements des musiciens, spectres qui se veulent au fil des scènes simples témoins, participants ou interlocuteurs, s'intègrent astucieusement au propos plutôt que d'être plaqués. Saluons en terminant les éclairages somptueux de Michel Beaulieu qui deviennent part intégrante du récit.
Un 55 minutes hors du temps, qui abolit adroitement la frontière entre musique contemporaine et création théâtrale.
Vous pouvez encore vous glisser en salle ce soir à 19 h, au Théâtre du Quat'Sous. L'événement est présenté dans le cadre de l'OFFTA. Une entrevue avec l'auteur est proposée ici...
jeudi 2 juin 2011
Une étoile est née
Le jury du Concours Musical International de Montréal l'a confirmé hier soir: la reine de la fête est sans contredit Beatrice Rana, plus jeune concurrente de la cuvée 2011, 18 ans tout juste.
J'écrivais sur le blogue Analekta suite à sa prestation exceptionnelle avec orchestre mardi soir: « Aucun doute ne subsiste: elle possède une présence, une technique et une clarté d’élocution admirables. Une vraie personnalité, qui me rappelle un peu Argerich à ses débuts, l’incandescence dévastatrice en moins peut-être. Les phrasés s’inscrivent dans la subtilité, les respirations demeurent parfaitement intégrées. Ici, il n’y a jamais un moment où l’on sent le son ou l’attention défaillir; chaque note a sa place, chaque silence est assumé et la jeune pianiste démontre un sens de la direction remarquable. Elle a captivé dans la cadence du premier mouvement, n’a jamais posé de geste musical gratuit dans le deuxième et prouvé dans le dernier mouvement que la technique n’avait pas besoin d’être à l’avant-plan pour que le jeu séduise. »
On peut l'entendre ici, dans le Concerto de Tchaïkovski qu'elle reprendra demain soir lors du concert gala. (Cette prestation a été enregistrée, au concours PianoRAMA plus tôt cette année.)
J'écrivais sur le blogue Analekta suite à sa prestation exceptionnelle avec orchestre mardi soir: « Aucun doute ne subsiste: elle possède une présence, une technique et une clarté d’élocution admirables. Une vraie personnalité, qui me rappelle un peu Argerich à ses débuts, l’incandescence dévastatrice en moins peut-être. Les phrasés s’inscrivent dans la subtilité, les respirations demeurent parfaitement intégrées. Ici, il n’y a jamais un moment où l’on sent le son ou l’attention défaillir; chaque note a sa place, chaque silence est assumé et la jeune pianiste démontre un sens de la direction remarquable. Elle a captivé dans la cadence du premier mouvement, n’a jamais posé de geste musical gratuit dans le deuxième et prouvé dans le dernier mouvement que la technique n’avait pas besoin d’être à l’avant-plan pour que le jeu séduise. »
On peut l'entendre ici, dans le Concerto de Tchaïkovski qu'elle reprendra demain soir lors du concert gala. (Cette prestation a été enregistrée, au concours PianoRAMA plus tôt cette année.)
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