jeudi 26 février 2015

We are not alone: fascinant

Écrire une pièce pour un seul acteur sur les OVNI; il faut le faire quand même! Damien Atkins, plus jeune dramaturge à avoir été produit au prestigieux festival de Stratford qu'il n'avait que 26 ans, lauréat de plusieurs Prix Dora a relevé le défi haut la main avec We are not alone, présenté en première mondiale dans l'intime Studio du Centre Segal, qui ne cherche pas à prouver ou non le phénomène, mais réfléchit plutôt à la question: « Qu'essaient-ils de nous dire? » Après avoir vu le solo, on serait tenté d'avancer: « Qu'est-ce que le phénomène révèle de nous? »

Photo: Guntar Kravis
La pièce s'amorce par une série de témoignages de gens ayant observé des OVNI, qui nous permet de prendre la pleine mesure des dons d'acteur d'Atkins, un seul geste ou un changement d'attitude réussissant à dresser un portrait cohérent (et unique) de chacun des personnages. On se demande un instant si le propos est ici de convaincre, d'offrir des « preuves », mais on comprend qu'au fond qu'il n'en est rien, qu'Atkins propose plutôt de l'accompagner tout au long du processus de création de sa pièce. 

On le retrouve ensuite à un congrès international sur les OVNI, alors qu'il avale, tantôt goulûment, tantôt avec une incompréhension certaine (la séance de thérapie des experiencers reste un morceau d'anthologie, alors qu'Atkins passe d'une chaise à l'autre et incarne tous ceux - ou plutôt toutes celles - présents), présentations scientifiques, récits personnels et propos plus ou moins ésotériques. Loin d'être convaincu, il accepte pourtant de suivre son ami Christian (Barry, co-metteur en scène du spectacle avec Chris Abraham) dans le désert de l'Arizona, où ils rencontreront notamment une « hybride », à la fois humaine et extra-terrestre, qui voit et entend tout. 

Ce rendez-vous fera-t-il basculer sa vie? Pas nécessairement comme on pourrait le penser, mais le cheminement de l'auteur reste suffisamment intéressant pour que le spectateur ait l'impression d'avoir assisté non seulement à une proposition dramatique cohérente, mais aussi à un brillant numéro d'acteur, Damien Atkins se révélant particulièrement virtuose tout au long de l'heure et demie du spectacle, sans aucun temps mort.

La fin de la pièce reste volontiers ouverte, laissant le spectateur face à ses questions et à ses réflexions. Que nous pensions côtoyer des extraterrestres ou non (il faut admettre que certains de nos concitoyens nous les rappellent parfois) importe peu au fond. Tout dépend de la façon dont vous choisissez de lire les « signes ».

Au Segal jusqu'au 11 mars. On peut voir un extrait de la pièce ici...

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