vendredi 28 mars 2008

Si les murs pouvaient parler...


J'ai assisté au dévoilement de la saison 2008-2009 de l'Orchestre symphonique de Montréal hier midi, à l'Auditorium du Plateau. Émotions multiples, certaines musicales, d'autres sensorielles. Traverser le parc Lafontaine enneigé, presque seule au monde (j'ai croisé toutefois nombre d'écureuils), revêtait une intensité particulière. Ceux qui fréquentent le lieu à la belle saison savent combien il est vivant, vibrant, presque vrombrissant, à toute heure du jour (ou presque). Deuxième bouffée d'émotion en mettant les pieds dans l'Auditorium du Plateau lui-même. J'avais un souvenir très précis de l'endroit, mais qui datait de plusieurs décennies. Mes parents m'y avaient amenée pour un concert d'opérette (il me semble que c'était La Veuve joyeuse de Lehar) et je n'y avais jamais remis les pieds. Premier choc: l'endroit est minuscule (façon de parler, il contient tout de même plus de 1000 places, avec son balcon), surtout quand la Salle Wilfrid-Pelletier est presque devenue un deuxième home.

Enfant, j'avais eu une impression de profondeur, de majesté (j'étais juchée au balcon). Quand j'y ai mis les pieds hier, j'ai plutôt été déstabilisée par la chaleur de l'endroit, par l'architecture du lieu, les éléments décoratifs, le côté un peu passé du lieu mais en même temps imbu d'histoire. C'est là que le 14 janvier 1935, l'orchestre (qui portait alors le nom de Société des concerts symphoniques de Montréal, le nom de l'OSM n'ayant été adopté qu'en 1954) donna son premier concert et ce lieu a été sa résidence jusqu'en 1963 (alors qu'il a migré vers la Place des Arts dès son ouverture le 21 septembre). Certains des plus grands chefs des années 1940 et 1950 y ont dirigé (Otto Klemperer, Charles Munch, Leopold Stokowsky, Leonard Bernstein, Bruno Walter, Igor Stravinski pour n'en nommer que quelques-uns), certains géants du piano (Claudio Arrau, Rudolf Serkin, Van Cliburn, Emil Gilels, Glenn Gould, les Casadesus) y ont été entendus et, vraiment, on avait presque l'impression que les murs avaient une mémoire et qu'ils témoignaient, à leur façon.

Histoire de regarder vers l'avenir aussi, un ensemble de jeunes élèves de l'École du Plateau (qui offre la concentration musique au primaire depuis 1973) a aussi offert une très jolie prestation de la « Valse » de la Deuxième Suite jazz de Chostakovitch... Certes, l'intonation des cordes n'était pas parfaite en tout temps (mais tout de même très relevée), la petite pianiste a cessé de jouer pendant trois ou quatre mesures (elle avait assuré de façon remarquable jusque là) mais, l'essentiel, une fois encore, était d'être touchée...

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