vendredi 20 novembre 2009

Ravissement pour les yeux et les oreilles


Première hier soir de l'opéra L'eau qui danse, la pomme qui chante et l'oiseau qui dit la vérité de Gilles Tremblay. Les yeux happés aussi bien par l'univers féerique magnifiquement rendu par un dispositif scénique à la fois audacieux et sobre que les éclairages somptueux et les superbes costumes, j'ai cédé en quelques secondes à peine au charme de cet immense ouvrage du duo Tremblay-Morency. Le livret de Pierre Morency, où l'image prime et les sonorités de chaque terme ont été savamment peaufinées, continue de me hanter. (Saluons d'ailleurs l'idée astucieuse de nous le remettre, histoire de prolonger le plaisir, les derniers applaudissement éteints.) La musique de Gilles Tremblay, chatoyante, ondoyante, percutante, s'y collait en aplats particulièrement réussis, qui soutenait tantôt le côté féerique et mystérieux des quêtes de nos héros et, à d'autres, commentaient astucieusement les états d'esprit des personnages.

Une distribution solide, habilement encadrée par Robert Bellefeuille, a transmis l'œuvre avec brio. Je retiendrai particulièrement la performance de Claudine Ledoux qui, en pomme qui chante des onomatopées a réussi à transmettre frissons et chair de poule, la présence scénique remarquable de Jean Maheux, dans le rôle d'Yby, semi-parlé, semi-chanté, le velouté de la voix du ténor Sylvain Paré dans le rôle de Chérot, la gestuelle d'oiseaux du contreténor Scott Belluz et de la mezzo Stéphanie Pothier. La chef Lorraine Vaillancourt a défendu la partition avec une rigueur éblouissante et les musiciens du NEM ont démontré une maîtrise exceptionnelle de ces pages aux multiples strates sonores. Chapeau aux créateurs!

Il vous reste deux occasions de vivre la magie de l'oeuvre, ce soir et demain soir au Monument National. Si je n'avais pas déjà un impondérable demain soir, j'y retournerais, c'est tout dire...

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photo: Matthieu Dupuis

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