Après un peu plus de deux semaines, je me suis extrait d'À l'est d'Eden hier soir. Je vous rassure: ce n'était pas que la lecture en soit si pénible, au contraire. En fait, pour être honnête, pendant la semaine qui a suivi mon retour, j'ai dû lire une heure tout au plus, ce qui n'aidait aucunement à avancer la lecture d'une telle brique. (J'ai plutôt rattrapé mon retard côté émissions télé enregistrées pendant mon absence, mea culpa.)
Ce premier plongeon dans l'univers de Steinbeck m'a convaincue presque sans restriction. Il possède une plume exceptionnelle pour tracer le portrait d'une famille sur plusieurs générations, d'une époque (la charnière entre 19e et 20e siècles), d'un lieu (le mythique Ouest américain). Mais c'est surtout dans la façon dont il traite la psychologie de ses personnages en strates qu'il m'a particulièrement éblouie. Oui, certains sont méchants (Cathy/Kate, une vraie psychotique, fait une villain terrifiante par moments) mais la plupart sont si denses dans leurs contradictions (rien n'est jamais entièrement blanc ou noir chez Steinbeck, même quand on l'impression qu'il « type » ses personnages et qu'il les place en opposition directe) qu'on ne peut qu'être fasciné par cet univers, tantôt en couleurs franches, tantôt en demi-teintes.
Les personnages m'ont habitée une bonne partie de la nuit, c'est donc dire le lien intime, presque charnel, développé avec eux au cours des dernières semaines. Après la lecture d'une telle saga, je comprends aussi combien il peut être difficile pour un auteur américain qui rêve d'écrire « le prochain grand roman américain » de se convaincre de s'y mettre. La défi à relever reste en effet énorme, même si certains (dont Richard Powers et Le temps où nous chantions) y sont parvenus.
4 commentaires:
Ce roman m'avait profondément marquée quand je l'ai lu ado (parce que James Dean avait joué dans le film... je sais, c'est une bizarre de raison). Il faudrait qu eje le relise parce qu'à part l'atmosphère, les deux frères rivaux et Cathy, il ne me reste que peu de souvenirs!!
Je n'ai pas vu le film... Est-il proche de l'atmosphère du livre? Si oui, ce sera tentant...
Un roman merveilleux, très difficile à résumer. la plume est superbe et délicate, et le roman captivant de bout en bout. Franchement, un pur chef-d'oeuvre.
Oui, vraiment un grand coup de cœur pour moi. Heureusement que cet ami m'en a fait cadeau, je serais passée à côté de quelque chose d'extraordinaire.
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