Oui, le téléphone a déjà sonné... L'autre cousine de deux cousins à qui j'enseigne pourrait bien se joindre à ma classe, cette petite fille qui habite à quelques pas de chez moi aussi. L'autre soir, la voisine qui ne m'avait jamais adressé la parole auparavant m'a houspillée alors que je promenais le chien: « C'est vous, le professeur de piano, non? » J'admets que j'en suis restée la mâchoire décrochée quatre ou cinq secondes. Euh? ma vie est-elle une sitcom suivie dont je suis l'héroïne plus ou moins consentante, comme dans le Truman Show? Réfléchissons quelques secondes... Eh bien, oui, on entend de la musique qui se déverse de mes fenêtres à l'occasion. Pendant l'année scolaire, il y a un va-et-vient assez impressionnant à certaines heures de pointe et on croise les mêmes visages à la même heure toutes les semaines. En plus, son fils est dans la même classe qu'un des jumeaux à qui j'enseigne. Dah, qu'en penses-tu, Watson?
Je vous confie un secret: je ne suis pas encore tout à fait prête à rentrer. Il me semble que j'aurais besoin d'un sas de décompression entre l'horaire plus flexible de l'été (même si je suis débordée côté contrats ces temps-ci) qui me permet de rencontrer un ami au café sur un coup de tête à quinze minutes d'avis, ne serait-ce que pour un passage éclair (nous parlons vite, voilà le secret!) et celui, quand même passablement plus régimenté de la « vraie vie ». Je sais pas, moi... trois ou quatre jours tout au plus, presque rien, quoi.
En même temps, j'admets volontiers que j'ai très hâte de retrouver les élèves, d'entendre parler de leur été, de réaliser combien ils ont grandi (l'eau de piscine et de mer fait grandir les enfants plus rapidement, tout le monde sait cela!), de m'assoir au piano avec eux et de leur proposer de nouvelles pièces. On pourrait croire que j'ai quelques chouchous. Ce n'est même pas vrai. Plutôt, je n'ai (presque) que des chouchous. Certains (très rares) pratiquent de façon admirable, la plupart en dilettante. Peu importe! Je les aime. Voilà, c'est dit... et sans rougir en plus. J'aime être cette présence dans leur vie, qui les écoute, vraiment, sans porter de jugement sur leur personne, car il n'y a pas grand chose de plus intime qu'une conversation musicale, quand on doit enlever l'armure pour transmettre le message (de joie, de tristesse, d'amour, de désespoir...) d'un compositeur, parfois mort il y a des siècles.
Bon, alors, je négocie deux jours symboliques de répit, un week-end, pour jouer du piano, lire (Walden à petites doses et la prochaine recrue en parallèle), faire de la cuisine (mon congélateur n'est pas prêt lui non plus pour la rentrée), compléter doucement mon paquet pour le swap de Kikine, essayer d'oublier que l'été s'achève, que les températures rafraîchissent. Après, je suis prête à remballer. Les élèves le savent: chez moi, la porte est toujours ouverte.
4 commentaires:
j'ai été bien heureuse de lire ta façon d'aborder la rentrée et ton amour pour tes élèves :-)
quel hasard, moi aussi hier j'ai fait un billet là-dessus!
héhé et moi aussi je n'ai que des chouchoux...
et tous les profs, je crois, se font aborder un peu n'importe où par des parents d'élèves (présents passés et à venir)
bonne rentrée!
Quelle délicate voisine... Je te souhaite une bonne rentrée, pleine de nouveaux et de gentils chouchoux ! ;-)
euh, chouchouS (mais avec un X je trouve que le mot est bien plus joli !). Et puis, il porte plus à l'imagination...
Adrienne: merci! Bonne rentrée à toi!
Margotte: tu as raison, chouchoux, c'est plus évocateur. Après tout, à l'université, un contrebassiste que j'accompagnais trouvant l'expression française « mon petit chou » craquante (j'ai étudié aux États-Unis, donc personne ne parlait français) m'appelait « my little cabbage ». Alors, va pour chouchouXXX comme dans bisous.
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