De retour de dix jours particulièrement ensoleillés et chauds à se brûler la plante des pieds sur le sable (le mercure ayant affiché jusqu'à 44 avec l'index Humidex, malgré les vents marins). La température de l'eau semblait aussi imprévisible que le cours de l'essence, passant de la morsure au mollet au très agréable, parfois même à l'intérieur de quelques heures.
Alors, au final, qu'aurais-je eu le temps de lire? La question vous a sans aucun doute traversé l'esprit. J'ai amorcé le périple avec un livre « maritime » signé Olivier Adam, Des vents contraires, qui sentait bon le vent du large, celui de Saint-Malo plus précisément. L'histoire est tragique (un père de deux jeunes enfants doit réapprendre à vivre après le départ inexpliqué de sa femme) mais narrée avec une tendresse remarquable. J'ai dû m'adapter au style de l'auteur (une manipulation qui laisse parfois perplexe de la ponctuation notamment) mais, rapidement, je m'y suis coulée et me suis laissée emporter par cette histoire toute en demi-teintes. (Et, fait amusant, une énorme vague a littéralement ramassé mon exemplaire, heureusement en poche et pas un livre de la bibliothèque. Il a conservé un gondolement presque sympathique, surtout considérant l'importance de l'océan dans le propos. Quand la réalité dépasse la fiction...)
Je suis passée ensuite à un registre autre, celui des nouvelles de Les gens fidèles ne font pas les nouvelles (quel titre savoureux!) de Nadine Bismuth, dont j'avais beaucoup aimé jadis Scrapbook. J'ai retrouvé l'œil alerte de l'auteure, très forte pour capter les infimes changements dans une situation en apparence statique. Elle traite ici aussi bien des doutes amoureux enfantins que des non-dits de couples dans la cinquantaine ou du quotidien d'un vieux couple dont la femme attend de façon presque désespérée la visite des enfants devenus grands en farcissant le congélateur de petits plats. Un livre mémorable? Peut-être pas mais un agréable moment néanmoins.
Après cet opus en (relative) légèreté, j'étais prête à attaquer un livre plus dense, repéré à sa sortie il y a deux ans, qui a croisé ma route « par hasard » lors d'un périple à la Bibliothèque nationale récemment, Élégie pour Américain de Siri Hustvedt. J'avais beaucoup aimé Tout ce que j'aimais mais je me rappelais que j'avais dû m'accrocher avant de pouvoir plonger réellement, l'auteure optant pour le foisonnement, les références fouillées (ici, psychanalytiques, le narrateur pratiquant ce métier), les histoires emboitées et un rythme qui tient plus du ressac que de la ligne droite. Oui, un effort est exigé du lecteur mais, une fois celui-ci assumé, le voyage intérieur au cœur des tiroirs secrets de cette famille du Midwest américain en vaut amplement la peine et force aux questionnements.
J'ai opté pour un petit livre après, Le canapé rouge de Michèle Lesbre, dont j'avais lu beaucoup de bien à sa sortie et qui s'était retrouvé dans ma PAL en format poche il y a quelques mois. Grand coup de cœur pour ce voyage aux niveaux multiples, aussi bien physique (alors que la narratrice se rend au Lac Baïkal sur les traces d'un ancien amant) que moral (alors qu'elle revisite amitiés et amours) qu'historique (puisqu'elle raconte quelques pans de la vie de femmes importantes à l'une de ses voisines).
Transition qui m'a semblé « naturelle » ensuite, puisqu'il était question de Milena Jesensk, je suis passée à la Lettre au père de Kafka, que je terminerai aujourd'hui, livre qu'un ami proche avait glissé (à ma requête) dans mes bagages. Il est fascinant de lire un texte qu'un ami considère essentiel dans son parcours parce que, bien sûr, la lecture en est teintée, chargée même. En me glissant dans les lignes de Kafka, je peux deviner sans aucune difficulté quels passages ont dû l'interpeller plus particulièrement, l'ont même bouleversé. De plus, la lecture de ce texte lui avait été suggérée par une connaissance commune, ce qui me permet là aussi d'établir d'autres projections, nettement plus floues, puisque mon lien avec cette personne n'a été qu'épisodique.
Je reprends le boulot après-demain et profiterai de l'entre-deux pour retrouver mon piano, pas exactement ravi de me retrouver hier après l'absence. Mais, une chose à la fois...
6 commentaires:
Dis donc, tu n'as pas chomé pendant ces vacances! Le livre d'Olivier Adam me fait très peur... j'ai une vilaine intuition sur la fin et je suis pas certaine de vouloir lire ça!!
Je crois que le canapé rouge et l'élégie me tentent bien. Je vais essayer de les toruver par ici.
Bon je suis sûre que Olivier Adam aimerait cette vague, j'en glisserai sans doute un mot à la prochaine dédicace que je lui demanderai lol. Pour uen fois que j'attends un livre de rentrée ! Je suis contente qu'il t'ait plu, tu aimeras sans doute Saint Malo alors et j'avoue que cette façon si personnelle de raconter une histoire d'amour avec ses creux et ses instants lumineux et surtout cette tendresse pour les enfants. je me suis demandé quel père il est... car s'il ne l'est pas...
Bon courage pour la reprise !
Tu me racontes tes vacances devant un bon petit plat, un midi, bientôt?
Si l'on est deux à adorer Auster, je te confie ici que je suis encore plus fan des écrits de sa femme... que j'ai découverte (paradoxalement) avant lui d'ailleurs. Et peut-être même que j'espérais retrouver un peu de Siri chez Paul... ;o) J'ignore pourquoi mais l'ambiance de 'Dolce Agonia' de Huston m'a rappelé 'Tout ce que j'aimais'.
(T'as vu, j'ai commenté le bon post cette fois-ci !)
Karine: tout reste évoqué avec tendresse et ce n'est pas tant la « réponse » qui est importante ici que le cheminement
Caro: Je pense que tu aimeras le Lesbre assurément.
Kikine: absolument! Je te fais signe tout bientôt (je « retourne » pour vrai demain)
Oberbaum: ah oui, c'est vrai ça que Dolce Agonia et Tout ce que j'aimais ont certaines parentés... les univers féminins peut-être? En lisant Élégie pour un Américain, je retrouvais pour ma part Paul dans son texte. Ou ils passent trop de temps ensemble à discuter de politique américaine ou ils étaient destinés à se rencontrer tellement ils sont semblables :)
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