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J'aime les accompagner sur cette route qui n'a rien d'ennuyeux. Quand ils déplacent leurs mains et que le sol a « changé de place », je les rassure. Quand ils mettent les mains ensemble et sont capables de jouer 12 notes d'affiliée, les deux mains se suivant dans la montée et la descente d'Alouette, je les encourage. Quand ils posent le doigt sur le fa dièse avec une certaine appréhension, je leur rappelle que les touches noires ne sont pas des dents de requin. Oui, bien sûr, cela exige une énergie différente, disons plus effervescente. Je suis certainement dans un autre mode quand je dis avec beaucoup d'emphase: « Trouve-moi tous les do du piano! » que lorsque je suis en train d'expliquer à une élève le sous-texte d'une ballade de Chopin ou souffle d'un air vaguement halluciné: « Respecte le texte! »
Je ne me plains aucunement. Oui, j'en ai un qui, à tout juste six ans, semble avoir des punaises sous sa chaise et qui après 10 minutes, me dit: « J'm'ennuie ». Il y a aussi cette élève avancée qui me regarde toujours comme si elle n'avait jamais rien appris d'artistique dans son cursus scolaire et que j'ai l'impression de devoir remplir comme une outre semaine après semaine. Mais il y a tous les autres, ceux qui entrent chez moi comme dans une deuxième maison, s'attardent pour flatter le chien, font le tour du propriétaire pour relever le moindre ajout de figurines, collants, bonbons. Et puis, surtout, il y a leur sourire quand ils s'assoient au piano et qu'ils ont hâte de me montrer ce qu'ils savent maintenant faire. Ces instants-là ne se remplacent pas.
2 commentaires:
qu'on le veuille ou non, il y a toujours ce lien affectif entre le prof et l'élève :-)
et ce témoignage l'illustre très bien!
bonne année scolaire, Lucie!
J'ai toujours dit que mes élèves faisaient partie de ma famille élargie... :)
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