Parce qu'on les oublie trop souvent, qu'on choisit de fermer les yeux pour ne pas avoir à vivre avec leur souffrance, Yasmina Khadra a décidé de se pencher sur les oubliés, ces sans-abri qui habitent en marge, qui ont été rejetés par la société, qui ne savent plus, qui ne peuvent plus bien souvent la réintégrer. Troublante excursion de l'autre côté du miroir.
« Ah! Mimosa. Quelle énigme! Nul n’est en mesure de confirmer s’il était le compagnon, le père, le frère ou le fils de Mama. Ce que l’on sait de lui est strictement ce que l’on voit : un reliquat existentiel insoluble; un produit social non identifiable, sans traçabilité ni mode d’emploi; un être tombé au rebut, livré à la tyrannie des jours et à la décomposition éthylique. Petit, déshydraté, le teint terreux et l’œil opaque, il doit peser une quarantaine de kilos, toutes tares comprises. Pas un chicot dans la bouche, pas d’ongles à ses doigts, le visage tailladé par l’usure des peines perdues – bref, une épave à la dérive indissociable des désolations ambiantes. »
(Yasmina Khadra, L'Olympe des infortunes)
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