Avec ce premier recueil, Philippe Drouin nous propose de plonger dans l’univers de trois enfants qui, même s’ils ne le réalisent pas encore, deviendront poètes. Des années plus tard, on ne les connaîtra que par un simple patronyme – Höderlin, Rimbaud, Supervielle – mais ils en sont encore à apprivoiser le verbe, le rythme, guidés par leur première muse peut-être, celle qui les accompagne lors de leurs premiers pas, leur professeure.
« La maîtresse ramène la clarté et les lilas. Elle monte le grand escalier menant à la classe. J’entends chaque ménage de sa respiration, le son frais de son cœur qui échappe à la pluie. Le désir est le premier instrument du poème. » (p. 28)
Même s’il aborde ici trois univers bien différents, Philippe Drouin nous offre un recueil unifié par une même pulsation, un souffle musical. Les images se répondent, comme des leitmotive, d’une section du triptyque à l’autre : les fleurs et leurs parfums, les cuivres qui transmettent tantôt sons, tantôt textures, ces femmes légèrement éthérées qui permettent aux mots d’éclore, mais aussi une réflexion également sur l’écriture elle-même.
« Le poète libère les métaphores / Dans les marges de son cahier /Afin d’empêcher l’esclavage / Des verbes vivre et mourir » (p. 51)
Je pourrais citer aussi :
« Depuis septembre, je rêve de me soumettre au parfum des mots, j’enregistre sur une feuille des séismes réguliers, de forte magnitude. Le poème est si vaste que je deviens son ombre. J’écris pour qu’on ne me célèbre plus. » (p. 60)
On referme ce recueil, à l’esthétique minimaliste mais d’une réelle densité, avec une seule envie : s’y replonger aussitôt.
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