jeudi 15 août 2013

Notre Recrue d'août en lice pour le Prix des cinq continents

« Mon professeur et directeur de mémoire de maîtrise, Yvon Rivard, m’a dit un jour que quand on tient un bon personnage, on tient un roman. J’ai aimé cette idée. Le point de départ de mon écriture est peut-être celui-là : trouver un personnage riche, qui sera intéressant à suivre, dont on aura envie de comprendre les motivations et les contradictions  », souligne Julia Pawlovicz, notre Recrue ce mois-ci, l’une des dix finalistes du Prix des cinq continents de la Francophonie 2013.

Cerner un personnage : cela ne demeure-t-il pas le défi le plus important auquel doive se frotter un auteur? Quelle densité doit-on lui offrir? Combien d’interstices faut-il laisser au lecteur pour s’y glisser? Est-il essentiel de s’attacher à un être fictif dès les premières pages pour avoir envie de poursuivre notre lecture?

Les titres que nous vous proposons ce mois-ci répondent tous, plus ou moins directement, à ces questions épineuses, vitales, en mettant en scène des personnages que certains pourraient qualifier d’antihéros. Dans Retour d’outre-mer, Maria doit apprendre à composer avec l’absence laissée par la mort de son père, mais aussi l’abandon presque inexplicable de sa mère, mais ne peut le faire qu’à demi-mot. À l’opposé, le narrateur de Dans la cage, rongé par une colère en apparence indomptable, la hurle ou l’anesthésie avec un mélange whiskey et cocaïne. Chacun à sa façon, ils tentent d’oublier un amour jamais oublié. Dans Du cœur à l’établi, Manu Camacho, jeune réparateur de guitares sans ambition,  voit sa vie basculer, le temps d’un été, quand il fait la rencontre de Paré, cowboy urbain, qu’il suit sur la route, en compagnie de Lou, sa meilleure amie. Difficile ici de parler de personnages « attachants », mais pourtant, nous acceptons, quelques heures ou quelques jours, que ces parcours atypiques puissent trouver une résonance en nous, nous questionner, nous habiter, comme a su le faire le peintre du Pavillon des miroirs de Sergio Kokis, personnage de l’inoubliable premier roman paru en 1994 de cet auteur maintenant essentiel du paysage littéraire québécois, devenu un classique de l’écriture migrante au Québec.

Juste avant que la rentrée ne pointe définitivement son nez, nous vous invitons aussi à découvrir le très beau premier recueil de l’ancienne danseuse Rosalie Trudel, L’ondée, là où « entre tes jointures / s’efface le bruit /de nos élans /tes paysages/me raccompagnent ». Au fond, nous avons toujours envie – besoin – de nous laisser par le souffle d’un autre.

Pour lire le numéro courant...

Aucun commentaire: