dimanche 29 août 2010

Lait noir

J'avais commencé à lire cet essai, offert par une amie avec la dédicace  « Tu ne peux pas ne pas le lire! » juste avant de partir en vacances. En fait, je m'étais frottée à l'avant-propos, aux méthodes de lecture et au premier chapitre. Croyant plonger dans un essai assez chargé sur les difficultés pour l'écrivaine de marier maternité (tout particulièrement dépression post-partum) et écriture, j'avais jugé que le propos et le sable ne feraient pas nécessairement bon ménage. Pourtant, rétrospectivement, le ton n'a rien d'ardu.

Le livre aborde essentiellement deux axes. Le premier est celui de la crise d'identité quand une femme souhaite à la fois être mère et créatrice (on pourrait remplacer écrivaine par musicienne, peintre, danseuse, etc.). Partant de sa propre expérience, alors qu'Elif Shafak repoussait volontairement la possibilité d'une maternité - qui, croyait-elle, la « couperait » de sa force intellectuelle et créatrice -, elle évoque aussi certaines figures marquantes de la littérature, dont Virginia Woolf, Simone de Beauvoir, Doris Lessing, Zelda Fitzgerald ou Sylvia Plath, et les choix qu'elles ont su (ou ne pas su) assumer. L'autre axe, plus personnel, raconte ce même combat vers la maternité, en compagnie de son chœur de voix intérieures constitué de petites créatures qui l'accompagnent: Miss Cynique Intello, Miss Ego Ambition, Miss Intelligence Pratique, Dame Derviche, Miss Satin Volupté et Maman Gâteau. De façon absolument délicieuse, elle relate ce combat, le putsch de Miss Cynique Intello et Miss Ego Ambition qui décident de la « forcer » à accepter une résidence universitaire au Massachusetts, la rencontre surprise avec Maman Gâteau dans les toilettes de l'avion qui l'y mène, le pacte de non-maternité qu'elle prononcera sous l'Arbre-Cerveau mais aussi, bien sûr, la défaite quand elle rencontre l'homme de sa vie et qu'elle finit par accepter la maternité (sous le régime totalitaire de Maman Gâteau d'abord, puis de façon plus nuancée).

Un détail: elle n'avait pas prévu être visitée par Lord Poton, le djinn de la dépression post-partum, qui la maintiendra sous sa coupe pendant une dizaine de mois. J'admets que, à ce moment du récit, j'ai un peu décroché. Pas que la question de la dépression ne soit pertinente ou que je veuille minimiser les affres dans lesquelles elle peut plonger. Tout simplement parce que j'ai eu tout à coup l'impression d'une rupture de ton évidente qui, pendant trois chapitres, nous plonge dans un livre psycho-pop (ce qu'est la dépression, test pour la reconnaître, les traitements). Cette réserve étant émise, j'ai dévoré le tout, souriant à de nombreuses reprises et souhaitant me plonger dans les pages des auteures évoquées (dont malheureusement aucune ne figure en ce moment dans ma PAL tour de Pise, soupir...).

1 commentaire:

Adrienne a dit…

ah oui! ces textes qui mènent à d'autres textes, alors qu'on a une PAL qui augmente au lieu de diminuer... comment le pourrait-elle, d'ailleurs, voici la "rentrée littéraire" et son nouveau lot de titres:-)