jeudi 24 mai 2012

Concert de casseroles

J'en ai croisés hier, vers 20 h, bien loin du centre-ville, cuillères de bois et casseroles à la main, le sourire aux lèvres, sur leur trottoir, sur leur balcon. Taper son mécontentement envers l'état, mais avec le sourire. Les voisins échangent quelques politesses, on en profite peut-être pour commenter l'actualité (mais comment sortira-t-on de cette crise sociale?) et, l'air de rien, prendre des nouvelles du petit dernier.
« Si, au lieu d'attiser les foules par son absence et son mutisme, Jean Charest (avec son cabinet) descendait voir un peu ce qui se passe réellement dans la rue, pour une fois, il verrait ce que voient tous ceux qui se donnent la peine de regarder: un mouvement devenu, en très très grande partie, une sorte de grande fête, de festival où le sujet n'est pas le jazz ou le rire, mais plutôt l'expression citoyenne », explique Marie-Claude Lortie dans La Presse aujourd'hui.
Francesco Bandarin, sous-directeur général à la culture à l'UNESCO, en visite à Montréal, y trouve même un parfum de Carnaval à Rio. (Y procède-t-on à près de 500 arrestations par soir? La 30e manifestation nocturne d'hier en a compté 487.) L'anthropologue Serge Bouchard affirme quant à lui que les Québécois sont en train de « découvrir le plaisir d'être dans la rue, de respirer et d'exister collectivement ». Ce serait déjà un immense pas... La question des frais de scolarité est devenue parfaitement secondaire et, de fait, le mouvement, n'a plus grand chose de rationnel, que l'on considère les discussions véhémentes, les lettres ouvertes qui ne s'appuient bien souvent sur aucune logique (dans la catégorie « pensée parfaitement articulée » par contre, je ne peux que vous recommander la lecture de celle cosignée par Gordon Lefebvre, enseignant à la retraite, et Éric Martin, professeur de philosophie au collège Édouard-Montpetit, parue hier dans Le Devoir), les choix de société que l'on a refusés jusqu'ici de faire, les questions que l'on ne s'est jamais posées en tant que nation. Marie-Claude Lortie résume:

« On est dans un univers qui relève du cri du cœur et des symboles. On ne demande plus un gel des droits de scolarité, on demande du respect pour les gens dans la rue, un signe démontrant que leur colère n'a pas été méprisée, mais bien entendue et prise au sérieux. »
 Pour lire son article dans l'intégralité...

2 commentaires:

Le Papou a dit…

Je t'avoue être bien embêté. Le vieux Papou réac (sic) selon mon fils, ne comprenais pas la colère des étudiants après moult augmentations des frais de santé pour les vieux et une détérioration permanente des soins.
Il comprend beaucoup mieux la colère des québécois lambdas, contre les politiciens,les avocats, la corruption, le mondialisme, le néo-libéralisme sauvage etc.
Les casseroles m’appellent...
Le Papou

Lucie a dit…

Oui, je pense que le Québécois lambda est en éveil. Comme plusieurs, je pourrais vivre avec la hausse des frais de scolarité si cela signifiait un gage de meilleur encadrement pédagogique. Mais de constater que rien ne bouge, que le gouvernement attend que l'été s'installe et le mouvement s'essouffle, pendant que des riches deviennent richissimes, là, je trace une ligne... rouge.