Le programme paraissait exigeant sur papier: deux pièces d'Erik Griswold, deux de Mark Applebaum et un classique du compositeur sud-africain Kevin Volans, She Who Sleeps with a Small Blanket (datant de 1985), un sommet de virtuosité. Présenté adroitement, grâce à une répartition des instruments dans l'espace et un travail soigné d'éclairage, le tout se lisait comme une pièce en cinq tableaux, aux esthétiques complémentaires, offrant aux spectateurs un panorama attrayant de cette famille d'instruments aux possibilités presque infinies.
Le programme s'ouvrait sur Switch (1991) de Griswold, un tour de force pour l'interprète qui doit maîtriser de multiples variantes de trois contre quatre à une vitesse plus qu'audacieuse sur trois instruments. Spill (2007) du même compositeur nous plonge plutôt dans la contemplation, alors que 20 kg de grains de riz sont déversés dans un entonnoir de métal, différents objets (laissés au gré du musicien) permettant d'obtenir des sonorités différentes, presque chamaniques par moments. Sandra Joseph a ainsi utilisé plats de céramique et de métal, mais aussi certains instruments de percussion, offrant des textures inusitées, mais aussi une mise en abyme plutôt réussie.
Le programme s'ouvrait sur Switch (1991) de Griswold, un tour de force pour l'interprète qui doit maîtriser de multiples variantes de trois contre quatre à une vitesse plus qu'audacieuse sur trois instruments. Spill (2007) du même compositeur nous plonge plutôt dans la contemplation, alors que 20 kg de grains de riz sont déversés dans un entonnoir de métal, différents objets (laissés au gré du musicien) permettant d'obtenir des sonorités différentes, presque chamaniques par moments. Sandra Joseph a ainsi utilisé plats de céramique et de métal, mais aussi certains instruments de percussion, offrant des textures inusitées, mais aussi une mise en abyme plutôt réussie.
Aphasia de Mark Applebaum reste le moment fort de la soirée. Conçue pour un « chanteur » qui ne produira au final aucun son, la pièce souhaite évoquer la paralysie qui nous saisit quand nous cherchons à nous exprimer. L'interprète s'assoit sur une chaise et doit reproduire une série de gestes de tous les jours chorégraphiés (ouvrir une porte, parler au téléphone, démarrer la voiture, etc.) qui se superposent sur une trame sonore composée de centaines d'échantillons vocaux transformés en une étrange langue des signes inventée. L'interprète doit donc mémoriser chaque petit geste de cette partition de neuf minutes et ensuite travailler les enchaînements à la seconde (parfois moins) près. Joseph a donné une interprétation impeccable ici, avec une aisance que plusieurs danseurs et acteurs lui auraient enviée (même le compositeur), ses mains se révélant d'une expressivité remarquable.
Composition Machine # 1 d'Applebaum a été créé en Oregon par Terry Longshore il y a moins de deux semaines. Co-commande de 62 percussionnistes, la pièce joue sur les codes du genre. Côté jardin, une partition dessinée prend d'abord vie selon des codes établis par l'interprète lui-même, avant d'être froissée et de retrouver une série d'objets sur une table couverte de papier au centre de la scène. Ceux-ci seront déplacés selon une série de formules rythmiques données, avant que l'interprète ne dessine la silhouette des objets puis joue la nouvelle « partition » côté cour, puis la roule proprement avant de la remettre sur le premier lutrin, créant l'illusion d'une pièce qui pourrait être reprise en boucle. Un clin d’œil amusant au geste de création lui-même.
Dédiée exclusivement aux tambours, She Who Sleeps with a Small Blanket se termine toutefois sur une coda au marimba, proposée ici en enregistrement, ce qui permet à Sandra Joseph de se fondre dans le noir tout en restant encore quelques instants présente, autre utilisation efficace de la dramaturgie.
Il ne reste qu'à espérer que le programme qui plaira autant aux aficionados de musique contemporaine qu'aux néophytes soit présenté de nouveau dans un avenir rapproché, peut-être dans le circuit des Maisons de la culture. Ces cinquante quelque minutes m'ont paru passer à vitesse grand V.
On peut en apprendre plus et entendre les cinq pièces du concert (par d'autres interprètes) en suivant les liens suivants.
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