Comment peut-on réussir à enseigner une matière en apparence aussi insaisissable que la musique, reposant presque entièrement sur le non-dit? Principalement en l’abordant comme une nouvelle langue dont on présentera les rudiments aux élèves, un à la fois, mais toujours de façon ludique. Il faudra tout d’abord porter une attention soutenue à l’apprentissage cohérent des bases : lecture des notes (essentielle si l’on veut éventuellement accéder à un niveau élevé), puis des signes (phrasés, articulations, nuances, tempi) avant de décrypter les intentions musicales. (Qu’a voulu exprimer le compositeur ici? Comment réussir à en transmettre les subtilités?) Plutôt que de se fier à un plan de cours rigide ou à une méthode éprouvée, il faut aussi oser croire en son intuition pédagogique puisque rien n’est jamais assuré, quand on considère que l’on travaille avec un matériau humain (l’élève mais aussi l’œuvre interprétée), forcément insaisissable.
Les heures de travail à l’instrument seront nombreuses et la route semée d’embûches, avant que le jeune musicien n’atteigne un niveau de maîtrise élevé. L’essentiel demeure de réussir à séduire suffisamment l’élève dès le tout début pour qu’il accepte ensuite d’accomplir la somme de travail exigée. Pas facile dans notre société de l’instantané de valoriser le travail de longue haleine!
Les plus grands pédagogues le répètent : au cœur de chaque cours devrait se retrouver un moment magique, que certains appellent « le moment ah! ah! », instant unique pendant lequel l’élève saisit enfin un nouveau concept, maîtrise une difficulté technique revêche, assimile parfaitement un détail d’interprétation. Quand cette fugace intimité, totale et inconditionnelle, se crée entre le professeur et le jeune musicien, les frontières s’abolissent et ils se retrouvent, unis, à partager l’essence même de la musique.
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