Comment raconter la terreur, la dépossession, la douleur, les tentatives pour se rebâtir? Comment transcender l’horreur pure d’un viol, atténuer la cicatrice laissée sur le cœur? Dans Compter jusqu’à cent, Mélanie Gélinas trouve les mots pour le faire et de façon magistrale. Pour la narratrice – et peut-être bien pour l’auteure, elle aussi violée –, une seule porte de sortie : crier, chuchoter, écrire la douleur. « Dans la solitude d’une chambre où m’attendait patient le Lecteur, à un pas de l’amour, j’ai ouvert un cahier blanc comme l’hiver de mon seul pays, j’ai aiguisé ma langue pour inscrire la plus vive des traces et j’ai écrit. Je suis retournée à l’origine des maux et des peines, j’ai trouvé la veine d’Anaïs et j’ai investi la plus térébrante des lézardes, celle d’une cœur en cent morceaux. » (p. 136) À coup de chapitres courts, incisifs, fragments éclatés, elle parvient à reconstituer l’histoire de cette nuit glaciale qui a changé la vie de la narratrice et de son double, Anaïs.
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