samedi 29 novembre 2008

Richard POWERS, Le Temps où nous chantions

Je triche un peu ici... et vous présente deux compte-rendus de lecture qui datent un peu. Dans un cas, un portrait d'un musicien important (Paul Loyonnet) mais ici, un coup de coeur total ressenti il y a deux ans, que j'ai eu beaucoup de mal à égaler depuis. (Si je devais mettre un seul 5 * dans ma liste, ce serait vraisemblablement ce titre-ci.) Comme il a croisé ma route en librairie hier (en fait, je cherchais le dernier titre de l'auteur, non disponible malheureusement), je me permets de le partager ici.

Le Temps où nous chantions est l’un de ces trop rares livres que l’on voudrait ne jamais voir se terminer et que, pourtant, on se sent forcé de lire de façon compulsive. David, jeune scientifique juif fuyant le nazisme et spécialiste de la relativité, rencontre Delia, chanteuse noire issue de la bourgeoisie de Philadelphie, au légendaire concert extérieur de Marian Anderson à Washington. Malgré les différences d’éducation, les tensions raciales qui imprègnent tout le livre et l’incompréhension des gens qui les entourent, ils fondent une famille, élevée dans la tradition de la musique classique. Les soirées en famille sont passées à chanter, à jouer au jeu des citations musicales (les mélomanes ferrés se délecteront), à partager cet amour qui les définit de façon plus juste que leur couleur de peau. Jonah, l’aîné, deviendra chanteur classique puis un des premiers « baroqueux », Joey (le narrateur) pianiste tandis que Ruth choisira la voie de l’activisme politique avant de retrouver la musique, plus tard dans sa vie. La musique ne sert pas seulement de toile de fond à cette grande fresque américaine qui couvre une soixantaine d’année, elle en est le cœur vibrant. Richard Powers (qui a suivi des cours de chant pendant de nombreuses années) décrit avec une rare finesse les airs musicaux qu’il évoque et les émotions qu’ils suscitent, rend presque simple la physique quantique (il a étudié en physique et a travaillé en informatique avant de se consacrer à la littérature) mais sait surtout peindre les soubresauts de la vie qui comble autant qu’elle déchire.

8 commentaires:

Caro[line] a dit…

Ce roman est chez moi. Il m'attend sagement. J'attends le moment opportun pour le commencer ! (On m'a conseillé de ne pas le lire dans les transports en commun, donc cela complique les choses pour moi.)

Anonyme a dit…

Je me répète à chaque fois que je vois un billet sur ce livre... mais j'ai eu un énorme coup de coeur... je le relirai certainement un jour!

Lucie a dit…

Caroline: il est un peu lourdaud pour les transports en commun, effectivement. Et je pense qu'il faut être dans un certain état de réceptivité

Karine: Quel énorme coup de coeur pour moi! Tout: le ton, la présence de la musique, l'intelligence du texte, la peinture d'époques... À chaque fois que je le vois en librairie, j'ai le goût de le racheter. (J'ai donné mon exemplaire à ma mère, pensant qu'elle me le redonnerait mais je pense qu'elle l'a prêté/donné à une amie!)

Anonyme a dit…

je commence cet ouvrage et je suis surprise que personne ne remarque la dose d'érudition qu'il faut avoir pour bien comprendre. Je le lis avec l'ordinateur branché sur Wikipédia
vous connaissiez l'inondation de Johnstown,la Oldsmobile, la drépanocytose, Moviétone, Ashcan...?
j'accroche quand même au livremais franchement ça complique la lecture qu'il n'y ait pas de notes en bas de page

Lucie a dit…

J'ai été surtout séduite par le lien à la musique. Je ne connaissais pas nécessairement toutes les pages de l'histoire américaine dont il est question mais je pense qu'on peut le lire en choisissant de revenir par la suite sur certains de ces événements qui nous ont plus marqué. Mais il est vrai qu'on ne parle pas d'une lecture « bonbon ».
Son dernier livre m'attend dans ma PAL.

Anonyme a dit…

j'ai vraiment adoré ce roman, je ne m'attendais pas à une lecture "bonbon" mais j'aime comprendre ce que je lis et je répète des notes en bas de page auraient enrichi ce roman.
Luocine
http://luocine.over-blog.com/

Julie a dit…

J'ai adoré ce livre, difficile de se séparer des personnages quand arrivent les dernières lignes...
Avez-vous lu dans le même esprit "Corps et âme" de Franck Conroy ? Il m'avait aussi énormément plu. Par contre je l'ai lu avant Le temps où nous chantions, donc je ne sais pas si dans l'autre sens ça fonctionne aussi bien...

Lucie a dit…

Je n'ai pas lu Conroy mais je suis intriguée... S'il croise ma route, il n'est pas dit que je n'y céderai pas. Merci de la suggestion.