lundi 22 juin 2009

Un automne écarlate


À Saint-Profond-des-Creux (rebaptisé ici fort joliment Saint-Clovis), il ne se passe pas grand chose, du moins en apparence. Pourtant, quand on gratte la surface, tout paraît soudainement beaucoup plus troublant. Francis, qui aura neuf ans en cours d'histoire, habite avec sa mère cette ville où les eaux calmes se troublent périodiquement: à l'annonce d'un divorce, à l'arrivée d'un nouvel élève ou d'un nouveau voisin, par exemple. Malgré son jeune âge, Francis est obsédé par les films d'horreur, qu'il avale goulûment comme d'autres les dessins animés du samedi matin. Il les consomme en fait en amateur éclairé, étudiant les séquences, revisitant certains dialogues, plus ou moins convaincu que le cinéma n'est qu'un reflet de la réalité - ou peut-être est-ce bien le contraire.

Un soir qu'il est au cinéparc avec sa gardienne et le petit copain de celle-ci, l'horreur prend la petite ville en otage: un premier enfant est découvert mort, puis une deuxième, un troisième. Pour Francis, qui s'est toujours réfugié dans sa tête pour pouvoir continuer à avancer, les monstres n'ont pu qu'envahir la réalité, sa réalité. Convaincu de la nécessité de trouver le coupable pour s'éviter une mort certaine, il enquête en parallèle des policiers locaux.

Avec ce premier roman pour adultes (qui initie une série), François Lévesque nous livre un texte bien ficelé, plutôt dense, au style agile. Il y dépeint avec adresse un univers sombre, autant ces histoires de meurtres non élucidés que les tourments psychologiques du jeune narrateur qui se culpabilise du départ de son père, un homme pourtant violent. Les âmes sensibles peuvent pourtant aborder cet ouvrage sans réserve car, malgré la noirceur du sujet, l'auteur réussit à ne jamais tomber dans le gore.

Le roman aurait peut-être eu avantage à être un peu plus resserré à certains moments et la fin, qui réussit à nous surprendre malgré tout, aurait peut-être mérité un traitement un peu moins abrupt. Néanmoins, on s'attache à cet enfant troublé et le ton presque complice adopté par le narrateur nous incite à poursuivre notre lecture. Trop tard, on réalise que, au fond, les horreurs les plus bouleversantes sont celles qu'on imagine.

La critique de La Presse...

2 commentaires:

Venise a dit…

Ta dernière phrase est assez philosophique et ma foi assez vrai, merci. Et on y reconnait là l'humour subtil de Lucie.

Sais-tu, j'ai quasiment l'impression que je pourrais le lire, malgré que je suis un peu apeurée devant le genre.

Lucie a dit…

Je suis certaine que tu pourrais le lire! Ça n'a rien à voir avec les Stephen King! Le sang n'est jamais que suggéré.