La maison d’édition Écosociété, qui se spécialise dans les essais très souvent engagés, n’a pas résisté à l’envie de publier ce récit assez troublant d’une jeune fille qui a choisi la rue. Dans un style tantôt punch et tantôt presque poétique, Anaïs Airelle raconte : le quotidien de ces laissés-pour-compte, leur combat pour survivre, leurs doutes, leurs déchirements, leurs blessures profondes. On y plonge les yeux ouverts et, un instant, on s’arrête à penser que ce pourrait être nous, si les circonstances de la vie avaient été moins clémentes. Elle détaille ses périples, de Montréal à Vancouver à une communauté plus ou moins marginale, située près d’Avignon. Elle questionne, invective parfois, ne fait pas de cadeau au lecteur. « Les citoyens, quand ils passent devant les marches du musée, ils plissent du nez. Ça se voit dans leurs yeux que, pour eux, nous sommes incultes, vulgaires, “criminels”… Ce qu’ils semblent oublier lorsqu’ils nous traitent de “camés”, c’est leur propre accoutumance à une routine stressante et paralysante. Chacun sa dope. Chacun son bad-trip. » (p. 25)
Comme tout premier essai du genre, Pourquoi j’meurs tout l’temps recèle quelques faiblesses stylistiques. L’alternance de la narration au « je » et au « elle » finit par lasser, même si elle permet de magnifier certains éléments du propos. La dernière partie du récit aurait eu avantage à être sérieusement resserrée, afin d’élaguer des longueurs inutiles dans un texte aussi court. Le ton y dérape aussi et devient un peu trop condescendant et vaguement subversif. Pourtant, jusque-là, l’auteure avait réussi à transmettre en toute limpidité la puissance de son message.
Néanmoins, voilà un texte nécessaire, qui trace un portrait sans complaisance d’une réalité que l’on souhaite trop souvent occulter.
Certains de mes collaborateurs de La Recrue n'ont pas vraiment accroché, d'autres ont été touchés. Pour lire leurs commentaires, c'est ici.
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