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Après l'entracte, j'ai décidé de remiser au vestiaire toutes mes attentes, et là, la magie a opéré entièrement. Je me suis laissée bercer par la remarquable partition musicale de Maria Bonzanigo et happer par la beauté pure de certains tableaux, notamment le numéro de pêche ou celui de roue Cyr, duquel semblait occulté tout sentiment de danger (on s'entend que quiconque tentant l'expérience se retrouverait en quelques secondes face à terre) tellement le moment est sublime (et très proche de l'idée de la nostalgie telle que la pratique Finzi Pasca). J'ai été émue par ce monologue de la clown Beatriz explique où se situe l'âme de l'homme (« Nous, les clowns, nous savons qu'elle se trouve... dans nos souliers! », confie-t-elle en les pointant du doigt), par cette réflexion sur l'écriture (un auteur est comme un pêcheur: on dirait qu'il ne fait rien mais il attend d'attraper l'idée). J'ai été troublée par ces patients pris dans leur douleur (extraordinaire utilisation des rubans) et ai été complètement assommée par la dernière scène, qui nous rappelle que la grande faucheuse et l'étincelle de vie sont deux faces d'une même pièce de monnaie.
Mais tout n'est pas tragique dans l'univers de Daniele Finzi Pasca, au contraire. Quand il nous propose un « faux » numéro d'acrobatie délicieux (clins d'œil aux premiers truquages du cinéma), met en scène un numéro loufoque de mini-xylophone (en forme de petit lit) et que l'interprète est trop paf pour être cohérente, chorégraphie un duel complètement déjanté (qui aurait pu être légèrement écourté néanmoins), impossible d'oublier que, derrière toute la réflexion et le travail sur la plastie (remarquables éclairages, qu'il a également signés), Finzi Pasca revendique haut et fort son statut de clown et que, à travers le rire ou les larmes, il sait nous toucher.
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