Il y a des livres coups de poing, mais il y a aussi des livres cocons, dans lesquels on s'enveloppe, qu'on respire plus qu'on ne lit, qui évoquent plutôt qu'ils ne racontent. Les déferlantes de Claudie Gallay entre certes dans cette catégorie. Malgré ses plus de 500 pages, ce roman se veut farouchement intimiste. Par petites bribes, il dévoile - sans jamais entièrement révéler - les destins de la narratrice, une ornithologue qui se réfugie à La Hague pour éviter d'avoir à côtoyer les lieux mêmes d'un deuil dont on ne saura au final presque rien, et d'une poignée d'hommes et de femmes dont l'existence même est rythmée par la mer, aussi bien par sa générosité que par sa voracité. La vieille Nan arpente la grève, dans l'espoir que les vagues recracheront l'un ou l'autre de ses disparus. Lambert cherche à faire la paix avec lui-même mais continue de revivre cette nuit où, il y a près de 40 ans, la mer a avalé sa famille. Il y a aussi Théo et Lili, qui s'entredéchirent en un amour-haine qui ne fera que peu de quartiers, Max qui se consume pour la belle Morgane, Raphaël le sculpteur qui tente de saisir dans ses œuvres le moment où la réalité bascule, ou La Cigale, enfant sauvage qui pourtant a besoin des autres pour grandir.
Avec une plume délicate, à la fois simple et ouvragée, Claudie Gallay transmet la mer, avec une force qui nous la fait entendre et sentir. On referme le livre, les joues rosies, le cou enveloppé dans un large foulard, assourdis par sa puissance aussi bien qu'émus par ces destins qui se percutent, sans jamais totalement s'amalgamer. Un très beau moment de lecture...
5 commentaires:
Je me dis que je vais le lire depuis je ne sais pas combien de temps. Sauf que bon, à chaque fois que je pars pour l'acheter, quelque chose me retient. J'ai vraiment l'impression qu eje manque quelque chose, pourtant.
J'avais beaucoup aimé Seule Venise (découvert complètement par hasard, un de ces livres achetés sur un total coup de tête) et aimais bien l'idée de la mer pour m'accompagner en vacances. Finalement, cela m'aura pris six mois de plus pour le lire mais j'ai beaucoup aimé cette atmosphère feutrée et la présence de la mer qui devient presque personnage de l'histoire.
donc un livre que je devrais lire si je réussis un jour à retourner en Bretagne ;-)
euh... ces anoymes, c'est Adrienne, mais il m'est impossible de faire apparaître les cases pour y noter mon nom et URL...
Je suis certaine que tu peux le lire même dans le confort de ton salon belge. ;-)
P.-S. Bizarre que le formulaire n'apparaisse pas...
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