lundi 11 juillet 2011

My Paris

Paris n'a pas fini d'inspirer les auteurs. Comment, en effet, ne pas vouloir saisir papier et crayon quand on déambule dans ses rues aux détours imprévisibles, quand on s'arrête dans un café pour y apprécier la faune locale, quand on met les pieds dans un des nombreux lieux mythiques qui la composent. L'écrivaine canadienne-anglaise Gail Scott a tiré de son séjour là-bas un livre atypique, entre carnet et journal, poème et récit à la première personne, livre initiatique et mémoires. Les phrases sont plus que brèves, elles sont fragmentées, autant d'éclats que l'on peut s'approprier en respirant à un endroit ou un autre de ces barrières de points.
« Au-delà des pétales de verre du portique. Sur balcons art nouveau le long de somptueuse avenue Foch. L'un de ces balcons du XVIe sur lequel se tenait la Deneuve de Belle de jour. Ca 1965. Jupe cintrée. Escarpins. Vague sourire. Après avoir presque fait tuer son mari. » (p. 156)
On y croise à plusieurs reprises Walter Benjamin, son Paris. Capitale du XIXe siècle permettant parfois à l'auteure de dévier, de revenir sur un lieu, un geste, une angoisse, mais d'autres grands aussi.  
« Ciel azur. Clarté que Baudelaire détestait. Préférant nuages échangeant signes. Clignements d'yeux. Rappelant regard de la reine de son cœur. Parmi ce "troupeau de démons". Faisant écrire à Flaubert: "Vous chantez la chair d'une façon détachée." Détachement qu'il trouvait éminemment sympathique.[…]
Passant devant Brasserie Lipp. Au menu mêmes saucisses. Pommes de terre sautées. Persillées, Que lorsque Hemingway venait y dîner. Grâce aux articles du Toronto Star. Et au taux de change élevé. Passant devant Café de Flore. Où Sartre fumait cigarettes. Ca 1950. Nuages plus optimistes. Au-dessus des magasins de vêtements. Livres. Marchés. Fruits. Légumes et fleurs. De Saint-Germain-des-Prés. Plus brioches aux raisons. Chargées de beurre. Le tout procurant ambiance Nouvelle Vague. » (p. 99-100)
Chaque phrase, chaque mot nous rappellent habilement que Paris ne sera jamais totalement nôtre. Après tout, une femme fatale ne se révèle jamais entièrement.

4 commentaires:

caro_carito a dit…

Mon préféré sur Paris c'est http://ecrivains-voyageurs.blogspot.com/2011/01/jai-lu-le-guide-triste-de-paris.html

Lucie a dit…

Je note ce titre et surveille de près aussi ce blogue, propice à l'évasion!

Lali a dit…

Comme j'avais beaucoup son HÉROÏNE, titre publié au remue-ménage il y a bien longtemps et comme je suis une « parisphile », je crois que ce livre est tout à fait pour moi!

Lucie a dit…

Le style de l'auteur est très particulier dans ce livre (comme tu peux le constater dans les extraits). Je ne sais pas si c'était pareille dans Héroïne mais je pense que ça m'intéresserait de la lire dans autre chose. Il y avait quand même là une voix bien distincte.