mercredi 26 octobre 2011

Musique d'ici

Je fais mes emplettes dans des supermarchés détenus par des intérêts canadiens et ai toujours refusé de mettre les pieds chez le supergéant américain (et ce, malgré les pubs répétées tentant de me convaincre que des emplois sont créés ici grâce à lui). Je fréquente le milieu de la musique contemporaine québécoise, aime fureter dans les archives du Centre de musique canadienne pour y découvrir des œuvres, me tiens au courant des dernières sorties jazz. Je lis québécois - et canadien - et glisse toujours, quand je voyage à l'étranger, des titre d'auteurs d'ici et quelques disques classiques qui mettent en lumière les interprètes canadiens.

Pourtant, quand il s'agit de consommer de la pop québécoise, j'ai un peu de mal. Depuis le 1er janvier, je n'ai acheté que deux albums: Pierre Lapointe seul au piano (procuré le jour de sa sortie, que j'ai offert en cadeau illico) et Un serpent sous les fleurs de Yann Perreau, que je trouve particulièrement achevé. Sinon, qu'ai-je acheté sur iTunes? Il faut l'admettre, c'est plutôt hétéroclite. Solo Piano de Gonzales, Remembrance de Ketil Bjornstad, You had me at goodbye de l'Epsen Eriksen Trio et deux albums du Tord Gustavsen Trio (des albums de jazz scandinave, donc), Not for piano de Francesco Tristano (de l'électro, mais interprétée et trafiquée par un pianiste de formation classique), deux albums de Das Rilke Projekt (et j'ai reçu le plus récent en cadeau il y a deux mois), deux albums de Marianne Trudel, A Fable de Tigran Hamasyan, les Suites pour violoncelle seul de Bach de Jan-Guihen Queyras et les Variations Goldberg dans la lecture de Simone Dinnerstein, The Moment, premier album d'Atomic Tom, le premier et le dernier albums d'Olafur Arnalds (classé « alternatif » dans un cas, « classique » dans l'autre, essayez de comprendre pourquoi!) et Modern Music de Brad Mehldau et Patrick Zimmerli (jazz/musique contemporaine pour deux pianos). J'ai aussi beaucoup écouté 3e temps de Grand corps malade, cadeau d'une amie, et craque toujours pour Broken hearts & Madmen de Patricia O'Callaghan et du Gryphon Trio, mon dernier coup de cœur.

J'appréhendais un peu mon passage à l'Autre gala de l'ADISQ lundi soir, soirée pendant laquelle les prix classiques sont remis, en même temps que ceux en électro, musique alternative, musiques du monde, album d'humour, rap, hip hop, albums pour enfants, instrumental, alouette... bref, certainement une soirée « un peu de tout », les cliques de l'une ou l'autre de ces sphères se mélangeant plutôt mal. Quand, comme l'année dernière, se côtoient sur le tapis rouge un rappeur bâti comme une armoire à glace, à peine alourdi par son bling bling, une ou deux vedettes pop et un pianiste classique qui trouve qu'il y a décidément beaucoup trop de bruit ici, difficile de trouver spontanément un sujet de conversation, à part celui - fort évident - que tous deux aiment la musique. Et puis, quand le moment fort musical d'un gala est la performance (fort divertissante au demeurant) d'On est né nu de Damien Robitaille, ça va mal à shoppe.

Et bien, agréable surprise cette fois-ci. L'autre gala était passablement plus convaincant que ceux des trois dernières années, à cause du lieu peut-être (le St-Denis se prête mieux à un événement du genre que le Métropolis), certainement de l'animatrice (Catherine Pogonat, très efficace), du pacing de l'événement (à aucun moment, je n'ai eu envie de consulter ma montre) et des invités musicaux.

J'ai ainsi beaucoup apprécié le côté éclaté mais travaillé de Random Recipe, un groupe improbable, dans lequel deux filles débordantes d'énergie se greffent à deux gars vaguement décalés (tous possédant une formation musicale solide, acquise notamment dès le primaire à l'École Le Plateau selon mes sources).


Si je n'ai vraiment pas tremblé en écoutant le rock un peu réchauffé de Galaxie, j'ai évidemment apprécié la performance de Pierre Lapointe de 27-100 Rue des Partances, l'une de mes chansons préférées de l'auteur-compositeur-interprète. Sinon, j'ai vibré aux rifs endiablés d'Alain Caron (ex-UZEB), ai été transportée par l'énergie brute d'Elage Diouf et ai craqué pour juxtaposition Diane Tell/Anodajay (rappeur dont j'ignorais jusque là tout).



Bilan de cette soirée : plutôt que de pester contre une pop qui ne me représente en rien, c'est peut-être bien dans les « autres » catégories de la musique québécoise qu'il faudra que je pige à l'avenir, plus proches de ce qui m'allume. Il n'est pas dit que je ne glisserai pas quelques titres des artistes ici mentionnés dans ma bibliothèque iTunes...

2 commentaires:

Adrienne a dit…

Je suis franchement nulle en chanson francophone, et je le regrette un peu, vu que je considère que c'est aussi un peu mon rôle de prof de FLE de faire découvrir la chanson en français à mes élèves... qui ne sont branchés que sur de l'ango-américain, hélas ;-)
pour le Canada francophone, je leur fais écouter Lynda Lemay...

Lucie a dit…

On n'entend presque plus parler d'elle ici, je pense qu'elle fait une plus grande carrière en Europe en fait. (Je ne m'en plains pas...) Aussi assez bien connue chez vous: Cœur de pirate (mais après trois chansons, j'ai l'impression que c'est tout pareil). Sinon,plus « rock » mais francophone, tu as Marie-Mai (très efficace), France d'Amours, et aussi Alfa Rococo, plutôt sympa.