Je l'avais interviewé il y a trois ans et ce moment passé dans mon studio reste gravé dans ma mémoire. J'écrivais alors.
Pour un interprète salué sur les scènes du monde entier, qui avait transcendé une technique infaillible pour transmettre l’essentiel du message musical, le choc de perdre la mobilité de sa main droite reste la grande douleur de sa vie. Quand on évoque le sujet avec lui, on sent immédiatement sa réserve. « D’être arrivé à un certain point dans une carrière et d’être pratiquement obligé de faire autre chose, cela a été très difficile au début, confie-t-il simplement. Ce fut une épreuve très grande, non seulement pour moi, mais pour ma famille aussi. En plus, j’étais engagé dans l’enseignement à temps plein, j’avais une responsabilité envers les élèves, il fallait que je reste en contact avec le piano tous les jours, malgré ce qui m’arrivait. C’était doublement difficile parce que les élèves attendent toujours le maximum et d’une certaine façon, il a même fallu que j’essaie de dissimuler cela un peu. » Quand, après lui avoir demandé ce qu'on pouvait lui souhaiter pour les prochaines décennies, il avait répondu sur le ton de la confidence « J’ai toujours l’espoir que ma main droite revienne », j'en avais frémi. Difficile pour un pianiste d'imaginer pire tourment...
J'avais l'intention de lui envoyeer un mot, mais le hasard a fait que nos routes se sont croisées hier soir au Goethe-Institut. De l'entendre parler avec le sourire de concerts, de la vie de tournée et des appels pour relancer les agents m'a réchauffé le cœur bien plus que le Glühwein...
4 commentaires:
on dirait que notre quotidien est plein de petits miracles...
et c'est bien! bonne nouvelle, en effet :-)
Je cours traduire ce billet en allemand...
On ne peut qu'applaudir à deux mains une telle nouvelle.
Adrienne: n'est-ce pas? J'en ai parlé hier à un ami, même pas musicien!
No: Kein Deutsch für mich heute!
Venise: beau jeu de mots :)
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