mardi 26 février 2013

Une soirée électrisante

Cela faisait longtemps que je n'avais été témoin d'une telle effervescence avant un événement. Une demi-heure avant le début de la projection du ciné-concert À court de mots, les négociations allaient bon train entre les amateurs à la recherche de billets et ceux dont l'ami avait eu un empêchement. J'ai même été témoin d'une transaction qui a dû être annulée, le dit invité arrivant in extremis, à la grande déception de celle qui croyait pouvoir se glisser en salle. Pas une place de libre, une fébrilité de tapis rouge. Les Oscars? Pour quoi faire? C'était à l'auditorium de la Bibliothèque nationale qu'il fallait être!

La magie a opéré dès les premiers instants de la projection. Nous avons pu découvrir six films aux esthétiques distinctes, portés par six pages interprétées par l'Ensemble Arkea, impeccable en tous points. L'amant revenant, avec sa couleur rétro juste assez caustique, s'est avéré un bel hommage aux films de genre, tant du côté de la réalisation de Serge Gouin que de la musique de François-Xavier Dupas. Nos saisons jouait la carte de la contemplation, pourtant nullement linéaire. La très efficace montée d'émotion a été bien servie par un montage serré de Patrick Peris et une partition qui se collait à cette accélération de la pulsation de Guillaume St-Laurent, qui laissait pourtant toute la latitude nécessaire au spectateur pour ordonner le fil narratif des événements. La bonne humeur était au rendez-vous avec 21, collaboration particulièrement réussie entre Yann Ben Alluch et Maxime Goulet, le rythme et les punchs y jouant assurément un rôle essentiel. Ce rire d'enfant dans la salle, incapable de se retenir, en contrepoint, ajoutait une touche particulièrement savoureuse à cette boucle temporelle.

Les défenses étaient tombées, histoire de recevoir en plein plexus Imparfaite, un court métrage bouleversant d'Émilie Gauthier, qui s'attarde au très difficile sujet de la maternité non entièrement assumée. Peut-on se forcer à aimer un enfant? Seule une femme peut-être pouvait oser aborder de front un tel sujet. La musique de Ghislain Lecroulant m'a semblé plutôt agir ici comme ponctuation, mais peut-être était-ce dû à l'ampleur du questionnement suscité. Porté par une partition radieuse de Samuel Laflamme, Le voyage d'Alexandre B. Lampron devenait contresujet optimiste au film précédent, cette histoire de deux enfants rêvant d'explorer les beautés du système solaire réconciliant le spectateur avec la vie. La soirée s'est terminée sur Ostinato de Jean-François Lavallière, sur une musique de Georges Dimitrov, formidable mise en abime, la musique s’immisçant dans la trame même du fil narratif, film et réalité se superposant à la toute fin quand le personnage principal surgit dans la salle de projection/concert et s'empare du podium de la chef Dina Gilbert, menant la séance de projection vers une fin explosive.

L'heure a semblé passer à la vitesse de la lumière (une contorsion espace/temps peut-être, comme celle vécue par le personnage de 21?). Croisons les doigts que cette production puisse tourner et être vue/entendue/vécue ailleurs à une date ultérieure!


À court de mots (bande annonce) from Maxime Goulet on Vimeo.

2 commentaires:

Venise a dit…

Une seule représentation ? Ça devient un événement. L'idée est plus qu'excellente.

Lucie a dit…

J'espère néanmoins que d'autres auront l'occasion de découvrir ces petits bijoux.