vendredi 23 août 2013

Trop jeunes pour le mariage

© Tehani et Ghada mariées à l’âge de 6 ans. Trop jeunes pour le mariage, exposition de photos de Stephanie Sinclair, Agence VII
Chaque année, on estime que  67 millions de jeunes filles sont privées de leur enfance car elles doivent se soumettre à un mariage forcé, la transaction financière permettant parfois de nourrir les autres enfants de la famille ou d'éponger une dette. Conséquence directe de cet état de fait? Les filles abandonnent bien sûr leurs études, doivent faire face aux risques liés aux grossesses précoces (une mère de moins de 15 ans a 5 fois plus de chances de mourir lors de l'accouchement) et vivent dans un isolement important. D'ici 2020, on évalue à 142 millions le nombre de jeunes filles qui seront mariées de gré ou de force.

Qu'elles aient 6 ou 15 ans ne change rien à la donne. Que l'on invoque le respect des traditions non plus. Il faut ouvrir les yeux sur ce phénomène troublant et initier un mouvement de changement. Samia Shariff, auteure de Le voile de la peur et Les femmes de la honte, qui a réussi à fuir au Canada en 2001, après avoir été mariée de force à 15 ans à un homme plus âgé, a livré un témoignage poignant lors de la conférence de presse tenue en ouverture de l'exposition Trop jeunes pour le mariage, présentée gratuitement jusqu'au 29 septembre au Gesù.  
« Je l'ai haï dès le premier soir, je voulais m'enfuir, mourir. On reste blessée à vie. Je voudrais qu'il y ait une loi internationale et que quiconque marie un enfant, avec ou sans son consentement, soit puni. »

© Nujood 12 ans (Yémen). Trop jeunes pour le mariage, exposition de photos de Stephanie Sinclair, Agence VII/tooyoungtowed.org
La photojournaliste Stephanie Sinclair  a sillonné pendant neuf ans l'Afghanistan, le Yémen, l'Éthiopie, le Népal et l'Inde, à la rencontre de ces oubliées, et en a tiré une série de photos bouleversantes, d'un grand esthétisme, non dépourvues de lumière malgré tout, qui raconte l'histoire de ces filles qui porteront en elles jusqu'à leur mort les séquelles de ces mariages forcés. Le comédien Paul Ahmarani, porte-parole de l'exposition, espère que ces photos réussiront à ouvrir une petite porte, « à mettre des décors, des ambiances sur des chiffres », mais surtout à toucher le public, qui pourra s'abreuver aux sources de l'art et de la connaissance. « J'ai beaucoup d'admiration pour ces jeunes filles qui s'en tirent », a-t-il souligné.


Deux films seront également projetés gratuitement au Gesù dans le cadre de l'exposition: 475: Quand le mariage devient un châtiment du Marocain Nadir Bouhmouch (11 septembre) et La source des femmes de Radu Mihaileanu (28 septembre).

On peut consulter le site web de l'exposition ici...


4 commentaires:

lewerentz a dit…

Ta première photo illustrait un récent article de la revue Clés et j'étais sciée en le lisant même si je savais cette situation. Horrible.

Lucie a dit…

On ne peut/doit pas fermer les yeux là-dessus, c'est certain.

dasola a dit…

Bonsoir Lucie, ces mariages arrangés avec des gamines si jeunes, je trouve que c'est de la pédophilie "légalisée". Je trouve cela affreux et malheureusement ça risque de durer car on ne change pas les mentalités comme cela. Bonne soirée.

Lucie a dit…

C'est clair que ce n'est pas gagné!