Poète et dramaturge née dans la République du Congo, un pays à l'histoire sanglante, Marie-Léontine Tsibinda reste convaincue de la nécessité de dire l'Afrique autrement, pas tant en pointant du doigt qu'en transformant une certaine dévastation, tant extérieure qu'intérieure, en une oeuvre forte. Dans le cas de La porcelaine de Chine, écrite et créée en 2002 à Brazzaville (reprise peu après au Cameroun dans le cadre d'un festival de théâtre), tout juste publiée par Les Éditions L'Interligne, il est bien sûr question de la guerre, conflit qui ne semble jamais finir, mais qui, surtout, insidieusement, ronge les protagonistes de l'intérieur.
Bissy doute de Bazey sa femme. N'a-t-elle pas eu une aventure avec ce général ennemi? N'a-t-elle pas amené l’opprobre dans leur foyer ce faisant? De son côté, Bazey n'en peut plus des absences de son mari, de son ressentiment. Pourquoi n'a-t-il jamais voulu admettre que sa femme avait été sauvagement violée? Trait-d'union entre ces deux époux qui, au fond, ne demandent qu'à se réconcilier, on retrouve Maya, la servante qui n'en est pas vraiment une, incapable de s'acquitter correctement de son travail, cassant les assiettes précieuses de madame, autant de rappels de ce pays (jamais nommé) qui s'effrite autour des protagoniste. Elle se veut aussi transposition du public (ici du lecteur) qui tente de se projeter dans cette histoire sordide, mais se révèle impuissant à en altérer le cours.
Bissy doute de Bazey sa femme. N'a-t-elle pas eu une aventure avec ce général ennemi? N'a-t-elle pas amené l’opprobre dans leur foyer ce faisant? De son côté, Bazey n'en peut plus des absences de son mari, de son ressentiment. Pourquoi n'a-t-il jamais voulu admettre que sa femme avait été sauvagement violée? Trait-d'union entre ces deux époux qui, au fond, ne demandent qu'à se réconcilier, on retrouve Maya, la servante qui n'en est pas vraiment une, incapable de s'acquitter correctement de son travail, cassant les assiettes précieuses de madame, autant de rappels de ce pays (jamais nommé) qui s'effrite autour des protagoniste. Elle se veut aussi transposition du public (ici du lecteur) qui tente de se projeter dans cette histoire sordide, mais se révèle impuissant à en altérer le cours.
BISSY. Trève de balivernes. Il n'y a pas d'argent à voler ici. Ni rien d'autre. Tout est vide. Vide. La maison est vide. Le coeur est vide. Le corps est vide. Plus rien à voler. Pas même un peu de vie.
Dans cet univers clos, malsain, les femmes africaines s'expriment néanmoins. Incapables en apparence de s'émanciper totalement, elles se révèlent pourtant les piliers de cette société qui s'effondre autour d'elles. Elles s'inquiètent de la violence qui les entourent, de ces enfants qu'on a envoyés au loin pour les protéger, mais dont on s'ennuie désespérément. Il est aussi question de liberté de parole, Bazey ayant été rédactrice en chef du journal Femmes et libertés, dont la publication a été suspendue.
Le texte de Tsibinda se révèle d'une grande efficacité, car il refuse le misérabilisme et ne tombe jamais dans le prêchi-prêcha. Tout se joue dans les demi-teintes, dans une étrange valse-hésitation entre l'hier et le demain, l'amour et le désespoir. Une fois le livre refermé, on analyse autrement certaines images véhiculées par les médias occidentaux, mais on a surtout envie de voir le texte incarné sur scène.
2 commentaires:
Bonjour Lucie,
À la lecture de ton billet, je me souviens de Maryse Condé et de son livre « En attendant la montée des eaux » que j'ai lu l'an passé et qui m'avait bouleversée.
J'en parle un peu ici : http://austintoutvabien.overblog.com/%C2%ABen-attendant-la-mont%C3%A9e-des-eaux%C2%BB-de-maryse-cond%C3%A9
Belle fin de journée.
Ça donne envie... Je l'ai mis rétroactif dans le suivi du challenge. :)
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