La musique et l’écriture ont été de tout temps les deux pôles de la vie créatrice de l'auteure. Ce site se veut donc un hommage à la musique (particulièrement classique) et à la littérature, mais aussi au théâtre et aux autres manifestations artistiques.
vendredi 29 août 2008
Rhapsody in blue
jeudi 28 août 2008
Art-peur
Le secteur culturel représente une part importante de l’économie, excédant 46 milliards de dollars et, en
On peut lire ici l'article consacré à la couverture de l'événement.
Nathalie Petrowski en tire aussi son billet du jour ici: « À soir, on débarque Art-Peur »...
Le site de la Coalition canadienne des arts...
mardi 26 août 2008
Des sites à découvrir
Côté musique, le pianiste Pierre-Arnaud Dablemont, spécialisé en musique contemporaine, vient d'amorcer la tenue d'un blogue sur son site professionnel. Les sujets traités, même quand pointus, restent très accessibles, le style est agréable et parfois même ludique (son billet sur les bruits entendus en concert est savoureux). À découvrir, même si vous croyez que la musique contemporaine est inaccessible (c'est faux).
lundi 25 août 2008
Rentrée littéraire française
Et dire que, pendant ce temps-là, je suis en train de lire certains livres de la précédente rentrée! Mais la beauté du livre est qu'il soit intemporel.
samedi 23 août 2008
Échantillonage
Sur les lieux, j'ai été saisie par l'esprit examens de fin de session qui y régnait. Près de 200 personnes étaient entassées, trois par table sur laquelle attendaient, bien aiguisés, des crayons mine. À l'entrée, on me remit un paquet de feuilles, certaines comprenant des questions sur diverses émissions et animateurs. Il fallait par exemple identifier si possible pour quelle station ils travaillaient (j'ai été en général lamentable là-dessus), qualifier leur genre, évaluer les performances des trois stations (je n'écoute jamais Q92, leurs ballades sirupeuses m'indisposant). Ouh là! Et ce n'était pas tout, loin de là. Au cours de la soirée, nous avons écouté 600 (oui, vous avez bien lu!) clips musicaux de 10 à 12 secondes chacun et nous devions évaluer notre réaction selon des catégories (doublées d'émoticones): ne connais pas, n'aime pas (selon les explications de la responsable de la session, cela voulait dire en termes clairs: « Je change de poste quand je l'entends »), bof (« J'attends la prochaine chanson tout à coup qu'elle serait bien meilleure »), j'aime, l'une de mes préférées et je l'aimais mais j'en suis fatiguée (j'ai inclus dans cette catégorie toutes les chansons de Mika et de Rihanna entendues par exemple).
Évidemment, on nous bombardait de styles différents (tous en anglais, bien sûr, considérant les stations visées), allant du dance « achtouf-achtouf » (selon moi, supportable seulement quand on sort en boîte pour s'éclater) au rock (très) lourd (CHOM est, après tout, reconnue pour ce son) sans oublier les hits d'aujourd'hui, les oldies des années 1980 (oui, j'ai coché plusieurs fois « l'une de mes préférées » ici, assumant non seulement mon âge mais surtout l'intime conviction que la pop était diablement plus efficace alors) et, horreur, les ballades extra-sirop (les vocalises de Mariah Carey, j'ai un peu de difficulté, je l'avoue).
Amusant et frustrant à la fois d'entendre tous ces extraits. Quand on aime, on voudrait que ça dure plus longtemps. Quand on déteste (les multiples sous-produits ratés de BonJovi et compagnie, ça devient lassant), on essaie de penser à autre chose pendant les huit secondes qui restent. De temps en temps, je jetais un coup d'œil sur la feuille de mon voisin (qui avait mentionné que Q92 était sa station préférée, gasp!) et j'étais fascinée de constater combien nos réponses différaient (après tout, n'est-ce pas, il n'y aurait sinon qu'une station de radio pour tous). J'avoue que j'ai souri à quelques reprises; bien sûr quand j'ai entendu Sweet Dreams are made of these des Eurythmics ou Tainted Love de Soft Cell (même si on a eu aussi droit à la version, nettement moins réussie, des Pussycat Dolls) ou encore ma chanson fétiche de l'été, Viva la vida de Coldplay (numéro 475 sur 600... je commençais à désespérer) mais aussi quand l'un ou l'autre des participants chantonnait discrètement en écho la suite d'un extrait. C'est fou comme la musique pop diffusée à la radio envahit nos vies, qu'on le veuille ou non!
Bien sûr, mon oreille musicale n'a pu que noter combien certaines pièces se ressemblaient étrangement (surtout quand on a seulement droit à quelques secondes d'écoute), que plusieurs possédaient un son franchement plutôt préprogrammé (arrangements semblables, mêmes choix au niveau des riffs de guitare, voix mièvres des chanteuses produites en chaîne). C'était par moments confondant. (Oui, je sais, la plupart des participants n'ont certainement pas relevé tout ça.) Vous comprendrez peut-être que, le lendemain, j'aie choisi de me passer de tout fond sonore...
vendredi 22 août 2008
Réversibilité
J'ai aimé retrouver Paris tel que présenté par Vaillancourt qui évite les lieux communs (dans les deux sens du terme) et jette un regard presque amoureux sur la ville. Certaines digressions auraient pu être évitées (les apartés sur le Rwanda et sur le livre La fête au bouc de Mario Vargas Llosa, par exemple, échos l'un de l'autre bien sûr) et certaines références un peu pointues à la poésie française surréaliste (rappelons que Vaillancourt est professeur de littérature et a participé à plusieurs ouvrages collectifs sur le sujet) ou certaines généralités sur la perception qu'ont les Français de l'Amérique. Néanmoins, j'ai beaucoup aimé le ton du roman, sa facture et la façon sensible dont l'auteur parle de musique, de l'intérieur.
« Encore aujourd'hui, Émilien envie aux musiciens leur pouvoir immédiat de séduction. Il envie le fait qu'en musique, on confonde le message et le messager, qu'on accorde à l'interprète la même capacité de fasciner, de transmettre un plaisir vif et intense, qui découle d'abord et avant tout de la beauté de la musique. » (p. 102)
ou encore
« Mais en musique, pensait-elle, on ne peut rien cacher, et c'est par la musique qu'elle éprouva la sensation d'une chute, d'un curieux vertige, avec le mal que cela provoque, alors qu'elle avait cru que rien ne devait changer, que Reinhardt, solide comme le roc, simple, franc, rythmait ses amours avec la régularité d'un métronome. » (p. 189)
mercredi 20 août 2008
Vagues de lecture
Alors, dans l'ordre, j'ai d'abord lu Le lion de Joseph Kessel, une histoire d'initiation bien particulière, de passage de l'enfance à l'adolescence, sise dans les magnifiques paysages d'une réserve au Kenya. Ce livre traînait sur ma PAL depuis un bon moment déjà, en fait, depuis que ma fille en avait terminé la lecture (à l'école) il y a un an. Elle ne semblait pas enthousiasmée par le tout mais semblait croire que je serais interpellée par les descriptions. (Les livres que je lis habituellement sont-ils dénués de dialogues à ce point? Curieuse association.) Kessel possède en effet une maîtrise assez saisissante du portrait d'atmosphères et on ne sent pas ici (même si le livre date de 1958) la condescendance de l'Européen face au « sauvage » africain. À se plonger dans les mots, j'avais presque (j'arrivais à la mer, rappelons-le!) envie de planifier un voyage là-bas.
Autre univers entièrement, Un monde de papier de François Désalliers nous fait basculer dans une histoire rocambolesque d'homme qui tombe dans les pages d'un magazine féminin. Il s'amourache d'une top-modèle, donne à manger à une mannequin anorexique, est poursuivi par le méchant ogre (l'éditeur), se fait secourir par Hugo (Boss), doit faire face à tempêtes monumentales et séismes multiples. C'est léger, totalement frivole, écrit dans un style pas particulièrement recherché mais sympa: le genre de livres aussitôt lu et presque aussitôt oublié. Un ami m'a néanmoins recommandé du même auteur, L'homme-café.
Suffisamment éméchée par ce punch pétillant, j'étais prête à passer à quelque chose de plus consistant, This is not a love song de Jean-Philippe Blondel, que j'avais reluqué à sa sortie en septembre dernier mais que j'attendais de croiser en bibliothèque. Cette histoire en apparence toute simple (Vincent passe une semaine en célibataire dans sa ville natale, dix ans après l'avoir quittée, alors que sa femme anglaise et ses deux filles prennent une semaine de vacances) se complexifie au fur et à mesure de la lecture et m'a complètement happée. Le protagoniste doit faire face à ses démons, tant familiaux (ses liens avec ses parents et son frère sont assez alambiqués) qu'amicaux ou amoureux. Quand on quitte comme ça, sur un coup de tête, et change diamétralement de vie, forcément, on doit s'attendre à des séquelles, certaines plus douloureuses que d'autres. Je ne révélerai pas les punchs mais ils sont bien amenés et portent à la réflexion sur les choix de vie auxquels chacun doit faire face mais aussi aux choix de société que nous devrions assumer collectivement. Un texte âpre mais percutant. Pour lire une entrevue avec l'auteur, c'est ici.
Je ne l'ai pas crié sur les toits mais, quelques jours avant le départ, j'avais fait un saut dans une bouquinerie (c'était trois fois rien, quoi, trois livres seulement). Parmi ces achats, j'avais glissé L'histoire de l'amour de Nicole Krauss, dont on avait beaucoup parlé à sa sortie, dans mes bagages. Oui, le titre fait un peu roman de midinette et le rose de la couverture (j'ai acheté l'édition originale, publiée chez Gallimard, dans un état neuf) fera grincer certains. En le cataloguant ainsi, on n'aurait rien compris du propos du livre. Deux destins parallèles (Leo, vieillard, en apparence d'une discrétion absolue et Alma, ado, orpheline de père) se croisent, se complètent, finiront par se chevaucher. Très habilement, Krauss alterne les narrations de Leo, le journal intime d'Alma, quelques bribes de celui de son petit frère messianique, des extraits du fameux livre L'histoire de l'amour (que la mère d'Alma, elle aussi légèrement décalée, traduit). Au début, on se demande où tout ceci s'en va mais, très rapidement, on s'attache fortement aux personnages, on laisse décanter les réflexions sur l'écriture, on voudrait à la fois se rendre à la fin d'un souffle et retarder le moment de fermer le livre. Un coup de cœur. D'autres commentaires de lecture ici, ici et ici.
Incapable de m'approprier immédiatement d'autres personnages, j'ai ensuite fait un détour poétique, en découvrant José Angel Valente et ses Trois leçons de ténèbres suivi de Mandorle et de L'éclat (publié dans la très belle collection nrf Poésie/Gallimard). Une écriture très particulière, évocatrice, qui oscille entre l'éthéré et le profondément ancré. Certains textes se déclinent en longues strophes, d'autres sont des concentrés d'émotions.
« Nous ne sommes à la surface que pour inspirer profondément et pouvoir regagner le fond. Nostalgie des branchies. » (Il tuffatore) ou encore
« Sur l'horizontale du labyrinthe tu traças l'axe de la hauteur et de la profondeur. Tomber ne fut que monter vers le fond. » (Icare)
À déguster à petites gorgées.
J'ai finalement enchaîné deux livres de Claude Vaillancourt, romancier, essayiste et professeur de littérature au cégep mais aussi musicien de jazz, qui se veulent un pont entre les mondes de la littérature et de la musique. Dans son recueil de nouvelles L'Eunuque à la voix d'or, l'auteur aborde les mondes de la musique classique dans la nouvelle-titre, plus élaborée, de la littérature dans Le don de Judith (l'auteure a une curieuse façon de transformer la fiction en réalité), de l'histoire de l'art dans Sous la feuille de vigne ou Femme au clavecin. Il nous propose aussi le portrait d'un curieux personnage, lecteur professionnel (L'homme de connaissances) et d'un professeur de français dépassée par les coïncidences (La jeune fille et le professeur). L'écriture est précise, concise, les personnages suffisamment typés et atypiques pour qu'on apprécie les découvrir. Dans Réversibilité, Émilien, poète parisien, tente de retrouver la trace de Julie, jeune pianiste montréalaise. Vous comprendrez tout de suite pourquoi le livre m'a interpellée... Je vous en reparle...
dimanche 17 août 2008
Ma vie avec Mozart
« Il n’y a pas une histoire de la musique mais une géographie de la musique. Sur une mappemonde multicolore existent plusieurs continents, le continent Bach, le continent Mozart, le continent Beethoven, le continent Wagner, le continent Debussy, le continent Stravinski… Parfois des océans massifs peints en bleu profond les séparent; parfois, seul un détroit étroit marque la frontière, comme entre Debussy et Stravinski; plus rarement, les territoires se chevauchent en raison d’une continuité géologique, ainsi Mozart et Beethoven partagent-ils un fleuve comme délimitation.
Non loin des masses continentales se détachent certaines îles plus ou moins importantes : l’île Vivaldi ou la péninsule Handel autour de Bach; les archipels Schumann ou les atolls Chopin autour de Beethoven. De temps en temps, à la faveur d’un raz-de-marée, on doit redessiner les cartes car, s’il est rare que des territoires disparaissent, il est courant que de nouveaux émergent.
Si la musique constitue une géographie, cela signifie que nous sommes devenus des voyageurs. Nos pérégrinations musicales n’ont rien d’une visite guidée, linéaire, fastidieuse qui emprunterait le chemin des siècles; elles relèvent plutôt de raids libres, imprévus, imprévisibles, de sauts désordonnés effectués par lestage en parachute. Un jour chez Mozart, l’autre chez Debussy… Cette luxueuse fantaisie – avoir accès à tout –, les techniques modernes nous la permettent.
On ne découvre ni on n’aime les compositions dans l’ordre successif où ils sont apparus. Et si je me sens bien chez toi, Mozart, cela ne signifie pas que j’éprouve la nostalgie de ton temps ni que j’ai une sensibilité de ton époque puisque, une heure plus tard, je séjournerai chez Messiaen en passant par Ravel.
Cela dément de surcroît cette absurde notion d’un progrès en musique, comme si Schoenberg avait quelque chose de plus que Bach… Sur le globe de la musique, il n’y a que des univers… »
Eric-Emmanuel Schmitt, Ma vie avec Mozart. Albin Michel, 2005.
vendredi 15 août 2008
Compter jusqu'à cent
Comment raconter la terreur, la dépossession, la douleur, les tentatives pour se rebâtir? Comment transcender l’horreur pure d’un viol, atténuer la cicatrice laissée sur le cœur? Dans Compter jusqu’à cent, Mélanie Gélinas trouve les mots pour le faire et de façon magistrale. Pour la narratrice – et peut-être bien pour l’auteure, elle aussi violée –, une seule porte de sortie : crier, chuchoter, écrire la douleur. « Dans la solitude d’une chambre où m’attendait patient le Lecteur, à un pas de l’amour, j’ai ouvert un cahier blanc comme l’hiver de mon seul pays, j’ai aiguisé ma langue pour inscrire la plus vive des traces et j’ai écrit. Je suis retournée à l’origine des maux et des peines, j’ai trouvé la veine d’Anaïs et j’ai investi la plus térébrante des lézardes, celle d’une cœur en cent morceaux. » (p. 136) À coup de chapitres courts, incisifs, fragments éclatés, elle parvient à reconstituer l’histoire de cette nuit glaciale qui a changé la vie de la narratrice et de son double, Anaïs.
Pour lire les avis des autres collaborateurs de La Recrue, c'est ici...
jeudi 7 août 2008
Je voudrais voir la mer
mercredi 6 août 2008
Autour d'eux
Des hommes et des femmes aux destins comme tant d'autres habitent les pages de ce premier recueil de nouvelles d'Annie Dulong, petites gens que l'on croise au quotidien et auxquels on n'accorde souvent que trop peu de regards. Certains sont déchirés par leur passé (Nuit, La soupe aux quenouilles ou Un danois au printemps et Le saut de la grenouille, splendides échos l'un de l'autre, qui relate la même histoire de deux points de vue différents), d'autres cherchent à saisir l'instant présent (L'effacement, une nouvelle magnifique sur la maladie d'Alzheimer), d'autres à se racheter par leur futur immédiat (Antoine).
Avec un œil admirable, Annie Dulong sait saisir l'instant, celui où tout peut basculer, celui qui se veut le microcosme d'une vie somme toute banale mais qui ne l'est jamais quand on comprend les motivations des personnages. Le trouble profond de Béatrice nous traverse en quelques pages à peine, le désespoir d'une femme qui s'est perdue se mue en souffle dans Le vent. L'histoire du pépin nous fait rire jaune. L'aveugle et les courtisanes fait une excursion aux limites du paranormal. Un verre de thé pour une canicule nous amène dans un lieu inconfortable que nous avons tous fréquenté un jour ou l'autre, par peur de l'engagement. Young Nate, Old Jane nous confronte à la folie douce qui ronge trop d'hommes et de femmes oubliés par notre société.
Annie Dulong nous offre ici autant de clichés, d'instantanés, signés de la même main mais jamais semblables, s'assemblant dans un curieux montage qui nous pousse à ouvrir les yeux, à vouloir prendre le temps de s'approprier ces histoires en apparence si simples mais d'en décortiquer les strates d'intentions, d'émotions, de souvenirs. Une belle réussite!
mardi 5 août 2008
Nutriments artistiques
vendredi 1 août 2008
Inspirant
Chef d'Orchestre du Boston Philharmonic, du Youth Philarmonic, professeur au prestigieux New England Conservatory of Music, il prend le temps, entre deux concerts, d'offrir des conférences de motivation, qu'il dédie aussi bien à des hommes d'affaires, des congressistes qu'aux curieux. Il est également le co-auteur (avec son épouse) de The Art of Possibility, qui se veut un plaidoyer pour l'ouverture d'esprit.
On le retrouve ici dans une conférence prononcée pour Ted TV d'une vingtaine de minutes (que vous pouvez écouter en tranches), des plus inspirantes. À s'approprier sous aucune réserve, que vous croyez ou non aimer la musique classique.