L'éditrice elle-même m'avait convaincue qu'il me fallait lire ce livre, alors que je visitais le marché de la poésie de Paris en 2008. Un livre comme on les faisait jadis, dont il faut défaire les pages avant de pouvoir commencer à le feuilleter. Un livre qui demande à apprivoiser, qui exige une certaine disponibilité d'esprit.
Dans Le fantôme de Chopin, paru aux Éditions Lettres Vives, Thierry Martin-Scherrer aborde le chantre du piano en une série d'aquarelles fugitives, poétiques. S'il y glisse des références biographiques, c'est pour mieux les détourner aussitôt, les questionner, les disséquer, jouer avec leur sens, le déformer à l'occasion. Si on ne connait pas le compositeur, il nous échappera encore. Si on fréquente son univers depuis des années, par contre, certaines des pistes de réflexion proposées méritent de s'y attarder. On s'avèrera surtout fasciné par le style unique, qui relève plus du poème en vers libres que de l'essai.
« Première expérience sonore: une fanfare, qui lui arrache des cris affreux, des cris de sourd. Son affaire: le son qui chuchote, le son qui rend le silence des choses. Le son qui touche aux choses en leurs contours, qui fait le tour de leur présence d'une simple caresse; données à toucher, au bout des phalanges, aux seuls proches. Une quenouille de son tendue entre lui et eux. Dont la dentelle est calculée pour les atteindre strictement. » (p. 20)
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