J'avais écrit le précédent billet depuis quelques heures à peine quand je me suis glissée Salle Wilfrid-Pelletier pour aller écouter Salomé de Richard Strauss. Si je peux rechigner sur le décor (des plus minimalistes), les costumes (peut-on s'entendre sur une époque et s'y tenir?), la mise en scène (certains personnages sont traités de façon parfois un peu trop caricaturale), les éclairages (essentiellement, deux jeux), impossible de ne pas céder à la partition de Strauss, surtout défendue avec un bel aplomb par l'Orchestre métropolitain (sous Yannick Nézet-Séguin) et une distribution presque impeccable à tout point de vue. Si Nicola Beller Carbone m'avait laissée plutôt de glace en Tosca l'année dernière, elle a transmis une Salomé dangereusement femme-enfant, à l'orgueil si dangereux qu'il la fera irrévocablement basculer dans la folie. La dernière scène, dans laquelle elle interagit et embrasse la tête de Jochanaan (Jean-Baptiste), reste un moment dramatique d'une puissance difficile à égaler, en grande partie grâce à la terrible efficacité de la partition de Strauss et à la façon dont la soprano utilisait sa voix pour passer de la fillette gâtée à la femme brisée. (Pas surprenant que 38 rappels aient été nécessaires lors de la création de l'œuvre!)
L'ami qui m'accompagnait cette fois en avait quasi la mâchoire décrochée de contentement. « Je n'ai jamais rien vu d'aussi intense sur scène jusqu'ici! » Je cite car, oui, il a bien utilisé le mot « intense ». (Il n'avait bien sûr aucune idée du titre de mon billet du jour...) Après quelques commentaires plus précis, alors que nous nous dirigions vers la sortie, il a résumé: « Je me sens prêt pour Wozzeck, maintenant! » (Malheureusement pour lui - et moi, qui adore Berg -, Wozzeck a été présenté il y a quelques années en version de chambre, et je doute malheureusement qu'on le représente dans la prochaine décennie ici...) Tout est peut-être question de lecture, finalement...
(La photo est du Devoir.)
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