Un soldat en mission à l'étranger se raconte. Il parle de ses peurs, de son quotidien qui n'a rien de prévisible, de la mort qui rôde et qui le rappelle à elle. Une fois passé de l'« autre côté », il vit une expérience mystique, qui le transformera à jamais, qui influera peut-être même sur l'avenir de l'humanité. Cette histoire, on la découvre à travers les mots de Jean-Frédéric Messier (qui signe également la mise en scène), mais aussi la musique de George Crumb (Black Angels, Thirteen Images from the Dark Land, In tempore belli), impeccablement interprétée par le Quatuor Bozzini qui, en 2007, avait initié cette commande de texte. L'auteur a su plonger dans la matière musicale pour en extraire des fragments - des éclats plutôt - qui deviennent contrepoint d'un naturel saisissant, mots et sons entrant en véritable dialogue, les uns prolongeant le souffle des autres, l'horreur de la guerre se juxtaposant plus d'une fois au sublime.
Marcel Pomerlo, sur une scène dépouillée habillée tout au plus de deux gongs, transmet à la fois vulnérabilité et puissance au personnage, qu'il tente de comprendre ce qui lui arrive, qu'il se raccroche aux répétitions de gestes ou qu'il énonce des nombres dans des langues étrangères (astucieuse relecture de l'utilisation des chiffres 7 et 13, inscrits au cœur même de la partition de Crumb). Les mouvements des musiciens, spectres qui se veulent au fil des scènes simples témoins, participants ou interlocuteurs, s'intègrent astucieusement au propos plutôt que d'être plaqués. Saluons en terminant les éclairages somptueux de Michel Beaulieu qui deviennent part intégrante du récit.
Un 55 minutes hors du temps, qui abolit adroitement la frontière entre musique contemporaine et création théâtrale.
Vous pouvez encore vous glisser en salle ce soir à 19 h, au Théâtre du Quat'Sous. L'événement est présenté dans le cadre de l'OFFTA. Une entrevue avec l'auteur est proposée ici...
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