samedi 3 septembre 2011

Dix oeuvres pour voix et piano

La Scena Musicale lancera sous peu un concours de composition, qui proposera d'ici un an de voter pour la meilleure nouvelle mélodie, ce que les Allemands appellent le lied et que les anglophones nomment poétiquement « art song ». Une question, mais de taille, a été transmise à des spécialistes du milieu, d'ici et d'ailleurs: « Quelles sont vos dix œuvres préférées pour voix et piano? » Difficile de répondre à une telle question puisque, forcément, la réponse variera d'un jour à l'autre. J'ai donc dû arrêter mon choix à un moment ou l'autre, et voici ce que cela a donné.

10-   Nana de Falla
9-    Je te veux de Satie
8-    Widmung de Schumann
7-    An die Musik de Schubert
6-    Der Leiermann (extrait du Winterreise de Schubert)
5-    C de Poulenc
4-    L’invitation au voyage de Duparc
3-    Morgen de Richard Strauss
2-    Les berceaux de Fauré
et
1-    Ich grolle nicht (extrait des Dichterliebe de Schumann)

J’aurais pu inscrire la quasi-intégralité des Dichterliebe de Schumann dans l’une ou l’autre des positions de ce classement non pas tant réfléchi que ressenti. Écrit sur des textes d’Heinrich Heine, l’année même de son mariage avec Clara, le recueil entier respire l’amour, la délicatesse, la tendresse et la fougue. Des premières notes lumineuses du piano dans Im wunderschönen Monat Mai aux dernières arabesques douloureusement égrenées de Die alten, bösen Lieder, je suis à tous les coups ailleurs, dans l’intimité pure de cette passion qui dévaste aussi bien qu’elle soutient.

En plein milieu du cycle, je reste incapable de résister à Ich grolle nicht, que je réécoute bien souvent deux ou trois fois de suite, surtout dans l’interprétation mythique de Fritz Wunderlich. Intensité, tendresse, fièvre, douleur, tout semble y être inscrit, au cœur même d’une ligne mélodique finement esquissée, soutenue par l’énergie rythmique du piano.

Un des  moments les plus forts de ma vie de pianiste a été vécu alors que j’ai déchiffré un peu plus de la moitié du recueil (dont Ich grolle nicht, bien sûr!) avec un ténor allemand, ami d’un ami. D’avoir pu rendre hommage d’une certaine façon au compositeur, en m’appropriant ces pages de façon organique, presque épidermique,  à quelques dizaines de kilomètres de l’endroit où il s’est éteint, restera magique.

4 commentaires:

Adrienne a dit…

très difficile, en effet, ce genre de question... mais ça semble à la mode, "les dix plus jolies villes", "les dix plus beaux" ceci ou cela... on en voit tous les jours sur les blogs et dans les magazines, même dans des journaux très "sérieux"...
Faut croire qu'on aime vraiment les chiffres mais aussi classifier, évaluer, ...

Lucie a dit…

J'ai hâte de voir ce que cela donnera de façon « statistique », selon le taux de réponse. Surtout ici, les choix seront si personnels que ce n'est pas nécessairement évident d'obtenir un top 10 clair. Si j'ai bien compris, dès le mois prochain, la mélodie en dixième position sera traitée, puis celle en 9e le mois suivant, etc.

Il y a une dizaine d'années, la question avait été posée pour les chants d'amour classique et un palmarès avait été établi, mais ici, on ratisse très large...

Adrienne a dit…

je crois que dans mon top 10 il y aurait Winterreise de Schubert...

Lucie a dit…

J'adore ce cycle, moi aussi, mais ai réécouté avec plaisir La belle meunière récemment, comme quoi, selon le jour et l'heure...