samedi 10 septembre 2011

Se souvenir

Bien sûr, le week-end débordera de cérémonies souvenir qui raviveront une blessure qui ne semble pas prête de se cicatriser. Je regarde rarement vers l'arrière, mais il faut bien admettre que tout le monde (ou presque) se rappelle l'endroit précis où il était, ce fatidique matin du 11 septembre 2001. J'étais dans la COOP Vincent-d'Indy, en train de ramasser quelques partitions pour les élèves, quand on m'a appris la nouvelle. Ensuite, je verrais, scotchée comme tant d'autres à un écran, le désespoir, la désolation, la résilience. Une dizaine de jours après, je commettrais un éditorial pour La Muse affiliée, dont je partage ici quelques passages avec vous.

« Quand le rêve s’écroule, qu’on plonge dans l’inconnu et l’horreur, vers quoi se tourner ? Inutile de chercher bien loin, la réponse était là, sous mes doigts. Après tout, ce n’était pas la première fois. Les crises existentielles de mon adolescence avaient été rythmées par des improvisations en mode mineur. Quand je voulais tout oublier, je jouais du Bach — impossible de ne pas se concentrer totalement quand on doit garder le contrôle sur une fugue à quatre voix ! La nuit du décès de mon père (j’avais 18 ans), je m’étais plongée dans une quasi intégrale des Nocturnes de Chopin qui m’avait drainée puis apaisée. [...]

Peu après l’annonce récente, je me suis d’abord tournée vers un enregistrement du Quatuor pour la fin des temps de Messiaen, composé en captivité lors de la Seconde Guerre mondiale. Rapidement, la musique a revendiqué ses droits, engourdissant le choc enregistré par l’esprit pour laisser place à l’émotion pure. Et puis, début d’année oblige, j’ai dû m’asseoir au piano pour que mes élèves, à leur tour, choisissent les œuvres qui les accompagneront cette année, les jours de joie comme les soirs de peine. Tout a, soudainement, repris son sens. Oui, comme le disait si bien Suzuki, peut-être la musique changera-t-elle le monde… ne l’oublions pas ! »

En prolongement, je vous offre en partage 3326, tiré du premier album Eulogy for Evolution du jeune compositeur islandais Olafur Arnalds, qui m'interpelle particulièrement ces jours-ci.

4 commentaires:

Adrienne a dit…

j'étais à l'école, par conséquent au courant de rien, quand après la pause de midi un collègue a raconté ce qui s'était passé je n'ai d'abord pas voulu le croire...
mais dès le retour chez moi, bien sûr, les images... vues et revues en boucle... je crois qu'il fallait bien ça pour s'imprégner de la réalité des faits

Lucie a dit…

Quand c'est arrivé, il était déjà 15 h chez toi. Ça me fait drôle de penser que tout le monde n'a bien sûr pas vécu la chose à la même heure.

Libraire philanthrope a dit…

10 ans plus tard, je ne sais toujours pas quoi penser de cet évènement tragique. On souligne la date, la cassure dans la perception du monde américain. Il me semble que l'avant et l'après sont plus importants en termes de vies humaines et de conséquences mondiales...

Lucie a dit…

J'ai été étrangement touchée par ces cérémonies hier matin. De voir ces familles qui se recueillaient, prolongeaient la mémoire d'un être cher... On m'a dit cette semaine que dix ans à l'échelle de l'histoire, c'est comme un clin d’œil. Hier, j'ai certainement eu cette impression-là.