Le Festival international de jazz de Montréal a commencé sur les chapeaux de roue hier soir et la foule, visiblement ravie de retrouver l'atmosphère de festivals, se pressait nombreuse, sourire aux lèvres, sur le site du Festival.
Avant d'assister au grand spectacle d'ouverture sur la Place des festivals avec l'iconoclaste mais surtout brillant Woodkid, un retour dans le passé au Upstairs, avec les légendaires Heath Brothers. Jimmy aux saxophones ténor et soprano, 87 ans, a joué avec une fougue spectaculaire. Les doigts, le souffle, mais surtout l'intelligence et la créativité musicale: tout est encore au sommet. Son jeune (79 ans) frère Albert « Tootie » à la batterie s'est lui aussi amusé comme un petit fou, se révélant un complice idéal tout au long de ce très généreux set de près de 90 minutes. Le pianiste Jeb Patton, bientôt 40 ans, ancien étudiant de Jimmy, a su prendre sa place (pas facile de ne pas se sentir dans l'ombre de tels géants) et nous a même proposé une de ses compositions qui m'a donné envie de le découvrir avec son propre trio, dont fait d'ailleurs partie le contrebassiste David Wong, efficace mais un peu sage (même s'il a enfin briller en fin de concert). Si vous êtes chanceux, vous pourrez vous glisser en cave ce soir...
Changement de registre, de siècle, d'approche, avec le spectacle extérieur de Woodkid, bien décidé à remercier les Montréalais de leur amour avec maestria. Je vous avais déjà dit tout le bien que j'avais pensé de son spectacle donné en juillet dernier (certainement le spectacle musical de l'année 2013, toutes catégories confondues, pour moi), mais saurait-il faire lever une foule constituée de dizaines de milliers de personnes? Si on l'a senti un peu nerveux en début de spectacle (il y avait sans doute de quoi être intimidé, plusieurs des spectateurs découvrant l'artiste), il a réussi à venir chercher la foule pour la première fois avec son classique I Love You, mais ce n'était rien par rapport à ce qui se produirait une fois la brigade de percussionnistes jouant de la caisse claire mise en lumière. Ouf!
On avait déjà pu apprécier la densité des orchestrations (les cuivres et percussions habituels ayant notamment été augmentés d'une section de cordes « made in Montreal ») et Woodkid nous rappellerait plus tard avec éloquence qu'il était pianiste avant de choisir de devenir artiste à part entière, mais il manquait cette énergie brute qui avait soulevé la foule au Metropolis. Bien sûr, il est plus facile de se laisser porter par le son quand on est à 10 mètres de la scène (comme je l'étais l'année dernière) qu'à un demi-kilomètre, mais la foule a fini par suivre unilatéralement Woodkid et sa bande, sautant à l'unisson et brandissant haut le poing. À la fin du spectacle, elle démontrerait sans réserve son amour pour le créateur, entonnant en boucle une de ses mélodies, offrande magnifique à un Woodkid en pleurs, visiblement sous le choc, qui a d'abord cherché à camoufler son émotion sous sa casquette avant de l'accepter, avec humilité et ravissement.
« Merci Montréal, a-t-il hurlé. Merci du fond du cœur! » Non, merci Woodkid (et bravo aux organisateurs du FIJM d'avoir osé un tel spectacle d'ouverture)... Que j'ai hâte au prochain album!
Je vous laisse sur son électrisante performance en 4D donnée il y a un mois au Grand Journal.
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