Avant de ranger mon livre dans mes bibliothèques (je devrais plutôt écrire « tenter de ranger » puisque celles-ci débordent), un bref retour sur No et moi de Delphine de Vigan, Prix des libraires 2008 en France, l'un des (nombreux) achats de livres effectués lors de mon séjour parisien. Lou, une adolescente qualifiée de surdouée (moi, je la trouve simplement « allumée »), un peu en marge de sa classe, tente de se démarquer et, prise par surprise, propose un exposé sur les jeunes femmes sans abri. Elle rencontre No, à peine plus âgée qu'elle, et se tisse un lien particulièrement fort entre les deux.
Delphine de Vigan ose ici poser un regard acéré mais tendre sur cette jeunesse qui vit dans la rue, dans des conditions de vie précaires. Avec doigté, elle réussit à éviter le pathos et le côté dogmatique qui aurait pu être mis de l'avant pour démontrer les lacunes d'un système bien imparfait. Plus important peut-être: elle réussit à rendre ces personnages d'ados en quête d'eux-mêmes et d'authenticité attachants sans pour autant qu'ils ne deviennent gnangnans ou qu'on sente l'étalage de culture (reproche qu'on peut certes faire à L'élégance du hérisson, grand succès 2007). Et si, vraiment, vous, moi, au quotidien, on pouvait changer le monde?
Deux extraits:
« Parler je n'aime pas trop ça, j'ai toujours l'impression que les mots m'échappent, qu'ils se dérobent, s'éparpillent, ce n'est pas une question de vocabulaire ni de définition, parce que des mots j'en connais pas mal, mais au moment de les dire ils se troublent, se dispersent, c'est pourquoi j'évite les récits et les discours, je me contente de répondre aux questions que l'on me pose, je garde pour moi l'excédent, l'abondance, ces mots que je multiplie en silence pour approcher la vérité. » (p.30)
« Je sais reconnaître ça, entre autres choses, le son des voix quand le mensonge est à l'intérieur, et les mots qui disent le contraire des sentiments, je sais reconnaître la tristesse de mon père, et celle de ma mère, comme des lames de fond. » (p. 47)
4 commentaires:
Si je comprends bien, tu as aimé 3 et demi. Il est donc dans la moyenne de la moyenne de tes lectures.
Oui, mais 3 1/2*, c'est quand même très bien dans mon cas. Tu auras remarqué que j'ai attribué très peu de 4* et que je n'ai jamais monté plus haut que 4* depuis que je tiens ce blogue. Pour moi, le seul livre récent auquel j'attribuerais un 5*, c'est Le temps où nous chantions de Powers, certainement mon grand coup de coeur 2006.
Il me tente beaucoup, celui-là...j'ai failli, moi aussi, le placer dans ma valise avec mes (trop nombreux) achats parisiens!!! Mais le facteur 23kg m'en a empêchée!!!
Tenter de ranger des bouquins... ça me connaît, ça!
Karine: je te le garde, alors et te le lèguerai avec plaisir quand on finira par se rencontrer « live »! ;-)
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