dimanche 19 avril 2009

Plagiat

Bon, vous me direz que c'est un mot bien laid pour accompagner cette journée printanière et ensoleillée mais, coïncidence ou épidémie, plusieurs fois au cours des derniers jours, il a été question de plagiat dans mon entourage.

Certains auront peut-être lu, samedi dernier, l'article consacré à la question par Le Devoir. Avec le concours d'Internet et de ses multiples ramifications, en effet, rien de plus facile pour les étudiants de maîtriser un copié/collé plus ou moins habile. Certains sont sans vergogne et recopient entièrement l'information piochée à gauche et à droite; d'autres sont plus raffinés et pastichent le tout. Et, pour le correcteur, ce n'est pas toujours évident de savoir qui a dit quoi le premier.

C'est à la limite du paradoxal, soit dit en passant, qu'un quotidien publie un article sur le sujet parce que, très souvent, les journalistes repiquent, textuellement, les dépêches reçues des agences de presse (nombreuses, en cette ère de communication instantanée et d'information à la nanoseconde). Le plus souvent, la mention de la source est des plus claires (« selon l'agence France Presse » ou grâce à la signature « Reuters » en bas d'article par exemple), dans d'autres cas, ça tient plutôt du flou artistique. Pour avoir travaillé des deux côtés de la clôture, je peux vous affirmer qu'un organisme ne contient plus sa joie quand l'amorce du communiqué est reprise telle quelle. Cela signifie que les sous versés au rédacteur ont été bien investis et que le « message » est donc parfaitement passé. Mais où se trouve la ligne entre la liberté de presse et la manipulation d'information dans un tel cas? Autre zone difficilement identifiable.

Et puis, il y a le vol pur et simple, de textes. Il y a un an, j'ai eu la « joie » d'apprendre par une collègue pianiste belge que mes notes de programme pour le Quatuor pour la fin du temps de Messiaen avaient été reprises par une société de musique de chambre. Deux mois après concert, elle était ravie de m'annoncer qu'elle m'avait lue, à Bruxelles, et que ça lui avait fait penser à moi. Euh? Évidemment, je n'étais pas au courant, aucune compensation (même symbolique) n'a été versée et je ne peux pas retrouver l'organisation en question, puisque cette collègue ne se rappelait plus qui avait interprété la chose. Au moins, mon nom y était associé. Depuis, j'ai décidé de garder mes textes professionnels sous clé et de les déposer sur un site à accès contrôlé.

Plus sournois que cela encore, peut-être, est le vol de textes à caractère privé: poèmes, textes de fiction, haiku, etc. que certains auteurs déposent sur leur site sans trop se méfier. Comme la plupart des blogueurs qui tiennent des journaux intimes ou extimes le font sous pseudo, difficile ensuite d'aller prouver le vol de matériel et l'identité réelle de l'écrivant. Le site d'écriture Les impromptus littéraires (qui propose à chaque semaine aux participants une nouvelle consigne d'écriture), dont je suis l'une des administratrices, a ainsi eu maille à partir avec un vol massif de matériel. La personne en question repiquait, sans aucune vergogne et bien sûr sans mention, tel texte dans son intégralité ou quelques vers. Des mesures légales ont été amorcées mais, malheureusement, là aussi, zone de flou total. Les hébergeurs ne peuvent évidemment pas savoir qui se cachent derrière l'un ou l'autre de leurs clients et ne procéderont à des retraits de sites que si le matériel est jugé pornographique ou fortement illégal. Inutile de le préciser, en contactant le propriétaire du site, on fait face à un mur de silence.

Si vous êtes à l'aise avec le pillage potentiel du contenu de votre blogue, aucun problème. Après tout, l'information est faite pour être partagée. Si vous souhaitez vous assurer que vos précieux textes n'ont pas été impunément pillés, vous pouvez vous inscrire (gratuitement) sur Fairshare (site anglophone uniquement) qui, grâce à votre url de flux RSS (ou atom ou Feedburner), vous alertera si votre matériel se retrouve sur un autre site. À bon entendeur, salut!

Quelques précisions légales ici...

8 commentaires:

val a dit…

J'avais lu cette histoire de vol de textes. Je trouve ça totalement fou... :(

Maxime a dit…

Merci pour le lien FairShare! Je m'y inscris tout de suite!

Venise a dit…

Très précieux de lien FairShare. Merci beaucoup. C'est justement le genre d'info que l'on aime voir circuler. Pas certains autres.

Ce qui me frappe dans cet ère de l'échange où tout appartient à tous à cause de l'Internet, c'est en plus du mot, le domaine "image". Le privé peut se retrouver circulant dans le public, par exemple des photos de famille dans facebook peuvent circuler impunément ou à des fins non désirées. Je comprends que l'on puisse poursuivre, en autant qu'on le réalise et en autant aussi qu'on y mette le temps, et même l'argent !

Lucie a dit…

Val: je recommanderais de faire que Les défis du samedi prennent le temps de faire une petite vérification. C'est tout à fait dans le genre d'endroit où cette personne ira piger (et il y en a sans doute bien d'autres, malheureusement).

Maxime: ce genre d'info doit être partagé

Venise: pour les images, tu peux également faire le même genre de suivi avec Fairshare. Tu peux aussi bien sûr désactiver le clic droit mais qui a le temps de penser à ça à chaque fois qu'on met quelque chose en ligne!

Maxime a dit…

Haha, c'est une invitation subtile à ce que j'en parle sur mon blogue? :P C'est une bonne idée, j'essaierai de faire un billet sur le sujet.

Venise et Lucie : De toute façon, même la désactivation du clic-droit est facilement contournable, par exemple en utilisant la touche "Imprimer Écran" qui fait une copie image de tout l'écran...

Lucie a dit…

Maxime: je ne disais pas ça pour ça spécifiquement. Une amie s'est fait pincée et en a parlé sur son site, alors, voilà, je partage l'info. ;-)

Claudio Pinto a dit…

Voilà de précieuses informations que tu nous communiques. Merci!

val a dit…

Comment fait-on ce genre de vérification? C'est super dur...