Lentement mais sûrement, mon quartier se métamorphose. De l'extérieur, peut-être pas, mais derrière les portes closes, c'est autre chose. Non, rassurez-vous, je ne vous révélerai pas de détails croustillants sur mes voisins (même cette jolie blonde qui a recommencé à retrouver son amoureux toujours à la même heure). Je parle de l'invasion subtile de la musique, puisque j'ai quelques élèves qui habitent très près de chez moi.
En biais, il y a les petits jumeaux (bientôt huit ans). Un a commencé l'année dernière, l'autre cette année. Bien sûr, ce ne sont pas encore de grands pianistes mais, parfois, on a tout de même droit à de jolis moments de musique et l'un des deux aime beaucoup improviser et retrouver des airs classiques par oreille. Leurs parents jouent également (mais n'ont jamais osé le faire devant moi).
Un peu plus loin sur la droite, il y a mon élève promeneur de chien attitré. Quand je quitte pour 24 heures, il profite des visites au canin pour travailler sur mon piano à queue. Il paraît que le chien insiste (!) pour écouter de la musique quand il vient. (Sa mère se demandait d'ailleurs pourquoi la marche était si longue un certain soir mais il avait alors décidé de rejouer tout son répertoire pour le plaisir... On ne voit pas le temps passer quand on s'amuse, n'est-ce pas?)
Vers la gauche, il y a « les colocs ». J'enseigne à deux des quatre, de niveau avancé. L'une s'assoit devant l'instrument depuis presque 15 ans (même si elle étudie en littérature), l'autre souhaite être chef d'orchestre et a une tendance vaguement compulsive quand il s'agit de musique. Récemment, un futur cinéaste et un ami corniste se sont joints à la maisonnée, remplaçant un apprenti philosophe. Le corniste - également pianiste jusqu'à l'année dernière - travaille lui aussi avec un certain acharnement et, depuis quelques semaines, quand il le peut, dehors, sur le balcon avant, histoire de ne pas trop envahir la bulle de tranquillité des trois autres (en examens de fin de session ces jours-ci). Hier soir, il répétait des pages de suites de Bach et je n'ai pu m'empêcher de sourire en l'entendant. (En effet, l'instrument n'est peut-être pas des plus discrets mais, bien joué, que c'est beau et ce jeune homme est vraiment très doué.)
Il semble qu'au début leurs propriétaires - d'un âge certain - aient été vaguement déstabilisés par la présence quasi continuelle de musique (quand ils ne jouent pas, ils en écoutent ou organisent des fêtes auxquelles ils invitent d'autres musiciens!). Il y a quelques jours, ils sont plutôt venus cogner pour leur dire qu'il y avait beaucoup trop de guerre dans le monde et que les dirigeants devraient prendre exemple sur eux et jouer, tout simplement. Je pense que j'ouvrirai ma fenêtre la prochaine fois que je travaille, tiens...
6 commentaires:
Mais c'est magnifique, ça!
moi j'ai juste mon voisin (9 ans) qui joue de la batterie et sa maman de l'accordéon ;-)
À Bruxelles, il y a la rue des pianistes... sur laquelle habite Martha Argerich et ses élèves. On peut toujours rêver de reproduire la chose, non? :)
ah bon!? et c'est quelle rue? que j'y coure le week-end prochain! (journées européennes de l'opéra puis don Quichotte de massenet à la Monnaie :-))
Tu crois qu'elle est dans l'annuaire? ;-)
C'est vrai elle est à Bruxelles, non!
Bon la délciatesse, ben je choisis la deuxième aprtie mais ça m'a très moyennement emballée. ben non je crois pas que l'amour soit si simple....
Il semble que ce soit une toute petite rue (d'où la possibilité de se l'« approprier »). Moi, j'y déménagerais bien une semaine ou deux. :)
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