mercredi 25 janvier 2012

L'homme de la Saskatchewan

La voix de l'auteur Jacques Poulin reste unique, peu importe qu'on plonge dans un livre récent ou un de ses désormais classiques. Lentement mais sûrement, parce que son écriture ne se laisse apprivoiser que si l'on accepte pendant quelques heures de vivre et respirer à un autre rythme, je fais le tour de son œuvre. J'aime cette façon dont il dépeint Québec, l'Île d'Orléans, nous permet de rêver un instant à une vie qui, même si en apparence non spectaculaire, déborde d'instants prégnants.

En lisant L'homme de la Saskatchewan, son dernier opus, j'ai aussi réalisé que, mine de rien, Jacques Poulin est un militant, que la défense de la langue, d'une identité, d'une pensée indépendante, imprègnent de plus en plus ses pages. Il transmet une urgence de dire, de vivre, que l'on soit Québécois ou Métis, comme Isidore Dumont, le gardien de but dont le petit frère de Jack Waterman doit écrire l'« autobiographie », ce qui permet à Poulin de traiter de l'anglicisation du hockey (alors que le mythique Canadien vient de nommer un entraîneur anglophone...) mais aussi du Québec. Après tout, comme le prônait le titre de son précédent roman, L'anglais n'est pas une langue magique.

Mine de rien, Poulin en profite aussi pour nous donner une petite leçon d'écriture, alors que Jack offre quelques pistes de réflexion à son frère qui se demande comment il pourra passer de lecteur à auteur.

 « Premièrement, tu dois te débarrasser de tous les mots qui ne sont pas indispensables. Les adverbes, les séries d’épithètes, c’est comme de la dentelle, alors tu les enlèves. Ensuite, si tu veux garder le lecteur éveillé, il faut varier la construction des phrases. Troisièmement, pour que ton texte fasse entendre de la musique, tu essaies d’évier les hiatus dans l’enchaînement des mots. Et puis, le lecteur doit respirer; il faut lui donner de l’air en multipliant les alinéas, les phrases courtes et sans verbes. »
Dans une entrevue parue dans Le Soleil, il affirme d'ailleurs: « Vous ne pouvez pas savoir à quel point j'ai retravaillé ce roman, afin de le simplifier, le dégager des mots inutiles et des lourdes autoanalyses. Quand je cédais à la tentation de l'introspection, je l'éliminais à la relecture. J'ai voulu décrire les simples faits, sans fioriture... et sans confiture! » À lire dans son intégralité ici...

4 commentaires:

Jules a dit…

Il est noté depuis sa sortie... Je trouve Jacques Poulin intemporel... je pourrai le lire dans 15 ans et ça ne changera rien. J'aurai probablement juste manqué la chance de lire un bon roman en 2012! :)

Lucie a dit…

Et ses livres sont courts ce qui, quand on a un jeune enfant comme toi, est non négligeable! :)

Le Papou a dit…

Encore un auteur que je ne connais pas et qu'une tentatrice vient de le faire se rajouter dans ma LAL.
Merci

Le Papou

Lucie a dit…

Je ne saurais trop recommander la rencontre avec Jacques Poulin. :)