Misant aussi bien sur la déstructuration que sur les répétitions qui hypnotisent quand elles n’exaspèrent pas le spectateur, Hiver sert ces jours-ci de porte d’entrée dans l’univers particulier de l’auteur norvégien Jon Fosse.
Difficile pour des interprètes, une metteure en scène, d’offrir une consistance à ces deux personnages qui se rencontrent un jour sur un banc de parc. On ne sait rien d’elle, hormis qu’elle semble ambivalente («je suis ta nana» / «non je ne suis quand même pas ta nana») et que la beauté joue un rôle important («je suis jolie, pas vraie?»). On apprend qu’il déteste la vie de bureau, on devine qu’il est en voyage d’affaires, marié. Elle le houspille, saute d’une affirmation à une autre sans logique apparente. Il l’amène dans sa chambre d’hôtel – une heure ou une nuit? Elle ne le retrouve pas au pub le soir suivant. Ils se recroisent autour du même banc, quelques jours, quelques semaines plus tard, se donneront peut-être une deuxième chance. D’où viennent-ils? Qu’ont-ils vécu avant? On ne le saura pas; le propos est ailleurs.
Pour entrer dans cette apparente non-histoire, pourtant d’une confondante symétrie, il faut accepter de recevoir autrement les stimuli, tant sonores que visuels, se laisser étourdir par les répétitions, les déconstructions, apprivoiser les interstices entre les mots, juxtaposer deux lignes mélodiques, celle, relevant presque du babil de la femme, celle plus laconique de l’homme, point d’ancrage, soutien harmonique.
Pour lire le reste de ma critique, passez chez Jeu...
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