Photo: Andrée Lanthier |
Ce regard féminin prend tout son sens d'ailleurs dès que Desdémone (Amanda Lisman, pure mais pas idiote, profondément amoureuse de son Maure mais consciente des jeux de pouvoir qui se jouent) et Emilia, sa servante (Julie Tamiko Manning, particulièrement éloquente) entrent en scène. Dans les premières scènes, alors que le décor minimaliste est plongé dans un éclairage diffus, qui souhaite évoquer une Venise nocturne, alors que les hommes entrent - et se mettent - en scène, on peine un peu plus à entrer dans la chair d'un texte très dense (qui fait quand même deux heures et demie avec entracte), qui comprend une série de références plus ou moins dissimulées que l'amateur de théâtre doit extraire. Mieux vaut se préparer à l'avance en relisant quelques analyses sommaires de la pièce. Sean Arbuckle propose un Iago juste assez vil pour être profondément désagréable, teinté toutefois d'une fourberie qui le rend profondément humain. Andrew Moodie, son vis-à-vis, campe un Othello plus victime que conquérant, non dépourvu de certains tics, en demi-teintes plutôt qu'en couleurs franches, ce qui empêche parfois l'auditeur d'entrer pleinement dans l'action.
Si je n'ai pas compris pourquoi le lit de mort de Desdémone de Véronique Bertrand (conceptrice également des très beaux costumes) ruisselait (référence à Venise encore? L'action s'est alors déplacée à Chypre. Rappel du sang inutilement versé?), il faut admettre que ce morceau de tissu qui servait aussi bien de ciel de lit que de linceul après avoir été arme du crime, s'est révélé une brillante idée.
Me suis-je réconciliée avec Othello? Mais oui, bien sûr...
La pièce est présenté jusqu'au 1er décembre au Centre Segal.
On peut voir un extrait de la production mettant en lumière les cinq principaux personnages ici...
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire