À quelques jours de l’ouverture de la 36e édition du Salon du livre de Montréal, je ne peux que me réjouir du côté rassembleur de la littérature. Alors que mon preneur de son ajustait ses lectures de micro avant une entrevue avec Simon Lanctôt (diffusée le 19 novembre à 9 h 05 sur les ondes de CKCU-FM puis en baladodiffusion), auteur de Tout foutre en l’air, réflexions d’une rare pertinence sur les défis liés à la transmission de la littérature au collégial, sa copie annotée de Jacques le fataliste passait déjà de ses mains aux miennes, gestes ponctués d’un « Tu dois absolument lire ce passage! » et autres exclamations. Non seulement il m’a convaincue de lire le roman de Diderot, mais surtout il m’a rappelé combien la lecture, activité solitaire s’il en est une, peut mener en quelques instants au partage. Mais comment peut-on transmettre à un autre ce qui nous a happés dans une œuvre?
Notre Recrue ce mois-ci, Guillaume Berwald, auteur d’Edmonton, en lice pour la 13e édition du Grand prix littéraire Archambault, jugerait sans doute que je me pose beaucoup trop de questions. (Il aurait sans doute raison.) « Il me semble que si j’écris (et j’écris), l’écriture doit avoir une place dans ma vie et si je lui donne une place, ce doit bien être qu’elle m’apporte quelque chose, explique-t-il candidement dans ses réponses à notre questionnaire. C’est logique. Mais demander pourquoi et comment, vraiment, c’est manquer de pudeur. En amour, il ne faut jamais demander : pourquoi tu m’aimes. »
En écho à Edmonton, ce numéro regorge de propositions de lectures étonnantes. Je pense ici à Frères de David Clerson, lu en duo par Claudio Pinto et notre nouvelle collaboratrice, Marion van Staeyen, à qui je souhaite la plus chaleureuse des bienvenues, dans lequel les deux héros, un peu comme les jumeaux du Grand cahier, devront affronter blessures et peurs. Le muséum de Marie-Anne Legault se révèle un autre objet insolite, tout comme Avis de décès : les tribulations d’un croque-mort de Daniel Naud. Un autre récit, Boules d’ambiance et kalachnikovs: Chronique d’une journaliste au Congo de Nathalie Blaquière, nous invite à la découverte d’une Afrique qui n’a rien de romancée. Politique, errance et guerre se nichent également au cœur de Le mur mitoyen, deuxième roman d’une ancienne recrue, Catherine Leroux, « un incontournable de la rentrée, d’une très grande humanité » selon Marie-Jeanne Leduc.
Même si La Recrue, par nature, regarde vers l’avant, nous vous proposons aussi deux regards vers l’arrière, avec une entrevue avec Luc Mercure, qui publie ces jours-ci son sixième roman, La mezquita, mais revient avec une affection non feinte sur son premier, ainsi qu’une lecture de Bonheur d’occasion de Gabrielle Roy, publié en 1945, traduit depuis en une quinzaine de langues, première publication qui devait valoir à son auteure le prestigieux Prix Femina.
On se croise au Salon?
Pour lire le numéro courant de La Recrue...
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