Est-il absolument nécessaire de vouloir classer les écrits?
Pourquoi un livre sur lequel est inscrit « roman » se vendra-t-il
plus facilement qu’un autre sur lequel on appose les mots
« nouvelles » ou « poésie »? Peut-on encore, au 21e
siècle, se laisser toucher par un ouvrage pour ce qu’il est plutôt que pour ce
qu’il présente, mais surtout de se laisser transformer par lui?
Étienne Beaulieu, auteur de Trop de lumière pour Samuel Gaska, a pourtant fait bien attention de
classer son premier livre dans la catégorie « récit ». Il explique
cette décision en ces termes dans notre questionnaire : « Je tiens à l’appeler un récit, pas un
roman ni une longue nouvelle. C’est d’une importance capitale pour moi, car je
serais bien incapable de signer une œuvre qualifiée de “roman”. Tout roman
depuis Don Quichotte de Cervantès comporte une dimension ironique sur son
personnage et relativise les événements racontés par un gros bons sens à la
Sancho Penza qui représente en quelque sorte le point de vue de la société
bourgeoise dans le récit. »
Peut-être justement parce qu’il demeure inclassable, ce
livre a suscité des réactions tranchées de la part des quatre collaborateurs
qui l’ont lu. Comme ces vitraux qui ont servi d’inspiration à l’auteur, qui se
transforment au fil des heures et des saisons, l’objet littéraire proposé se
veut protéiforme, déstabilise volontairement son lecteur, mais ne le laisse
surtout pas indifférent. Alors que tant de livres semblent presque
interchangeables aujourd’hui – on ne compte plus les déclinaisons des séries à
succès –, on a affaire ici à un livre original, dans tous les sens du terme. Il
faudra voir où son deuxième opus mènera Étienne Beaulieu.
Nous vous offrons en repêchage d’autres livres atypiques, inclassables.
Ainsi, Métastases de David Bélanger
déboulonne les codes du polar pour nous offrir, non pas une résolution – le
coupable ici n’a que bien peu d’importance –, mais nous renvoie au visage un
constat d’échec. Autre récit, celui-là autobiographique, Tremblement de mère de Diane Lavoie raconte l’histoire d’une
adoption, mais de façon frontale, à mille lieux des contes de fées. Mathilde,
autour de laquelle s’articule Le vertige
des insectes de Maude Veilleux (qui a publié un premier recueil de poésie
qui avait séduit notre collaboratrice Mélina Bernier), est un autre de ces êtres
atypiques, dévorée par la langueur suscitée par l’absence de l’être aimé. L'extraordinaire
voyage du fakir qui était resté coincé dans une armoire Ikea de Romain Puértolas est certes lui aussi un personnage
plus que hors-norme, comme ces Méchants
patrons de Michel Coulombe. En prime, nous vous offrons une entrevue avec l’auteur
Alessandra Cassa qui vient de lancer un premier album jeunesse, Le professeur Acarus Dumdell et ses potions
incongrues.
Et si nous profitions du soleil de juin pour décoller toutes ces
étiquettes encombrantes et retrouver le plaisir brut de la lecture?
Pour lire le numéro de juin de La Recrue du mois...
7 commentaires:
Dans mon dernier, je parlais aussi des étiquettes, mais celles que l'on colle, non pas sur les livres, mais sur les individus et les comportements.
Cela semble décidément être la « mode », le « besoin » de notre époque.
Pour se rassurer ?
Pour s'identifier ?
Pourquoi ?
Bien que 100% d'accord avec toi, je dois avouer humblement que je mets moi aussi des étiquettes parfois sur certains livres.
Par exemple, les livres avec des couvertures ultra colorées et de grosses lettres dorées (anglo-saxons souvent, mais pas toujours) sont automatiquement rejetés par mon (in)conscient. Peut-être qu'il y a de belles choses là-dedans... je ne le saurais jamais !!! :-)
Beau dimanche Lucie !
P.S.
Je lirai certainement le livre de Michel Coulombe que j'ai côtoyé brièvement lorsque je travaillais à Montréal. Est-ce son premier ?
Bises
Oups ! Dans mon dernier BILLET
Re-oups ! Je ne le saurai (pas de S !!!!! ) jamais.
Oui, c'est bien son premier roman (La Recrue ne traite que de ça, sauf dans le cas de la chronique 2e roman, où nous offrons un suivi à nos recrues).
Beau dimanche ensoleillé!
Ben oui, forcément! Je suis nouille moi parfois ! Pfffff.
Ciao
Marion
Peut-être pourrait-on parfois se coller une étiquette sur la bouche !
Je rigole mais je classe moi aussi. J'en ai besoin. Peut-être parce que je suis un être classable, peut-être faut-il justement être soi-même inclassable pour ne pas classer !
Pourtant, je te considère inclassable!
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